L'ère de la Rébellion
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 Taverne... Lieu où l'on fume, où l'on boit... Où l'on parle ? (PV Sil)

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Johian de Morestel
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MessageSujet: Taverne... Lieu où l'on fume, où l'on boit... Où l'on parle ? (PV Sil)   Taverne... Lieu où l'on fume, où l'on boit... Où l'on parle ? (PV Sil) Icon_minitimeDim 27 Sep - 16:50

[Suite du RP « Une journée Ordinaire »
=> Quelques minutes après ce sujet, pour être précis x3
J'ai créé un sous-forum pour mettre une taverne, y'en avait pas XD * sort*]

La fumée dégagée par les nombreuses herbes en train de brûler par-ci, par-là commençait à me monter à la tête. Nous n'étions là que depuis quelques minutes pourtant, et, déjà, je remarquais que mes sens et ma perception commençaient à s'engourdir... Maudites tavernes ! Il faut toujours qu'elles soient fréquentées par de vils fumeurs qui ne se sentent pas concernés par l'avis des autres... Nous ne disions rien pour le moment, ce qui me permettais d'observer les personnes aux alentours. Notre table était placée dans un coin de la pièce, et j'étais contre le mur ; je préférais n'avoir à surveiller que mes avants, et savoir mes arrières hors de danger. Il y avait surtout des hommes ce soir-la, et les discussions allaient bon train. Un groupe de ménestrels chantaient et contaient d'étranges histoires à dormir par terre dans le coin opposé de la salle ; trop loin pour que je ne puisse les entendre, à mon grand regret. Mais nous n'étions, de toute manière, par là pour ça. Mon esprit dériva sur les événements de la journée et j'entrepris de me les remémorer en détail, comme je le faisais autrefois pour faire le compte-rendu de mes « missions » à mon maître.

Je m'étais levé bien avant le réveil du soleil, et j'avais entrepris de me déguiser. Il m'avait bien fallut plusieurs heures, car j'avais dû teindre mes cheveux, ma peau et mes yeux, me raser, installer mon sixième doigts, maquiller mon visage afin de le faire paraître être celui d'une personne d'âge mur... Puis je m'étais mis en route, prenant le chemin des BasQuartiers, avec, pour objectif, trouver de l'huile d'œil de carpe. J'avais trouvé Sil. Une jeune femme se faisant passer, non sans talent, pour un adolescent. Mais je n'avais pas été dupe, et je m'étais arrangé pour pouvoir lui reparler plus tard, afin d'en apprendre plus sur elle. Nous nous étions donc donné rendez-vous dans la soirée, car j'avais prétexté vouloir parler de sa chienne blanche, ce qui, en soit, n'était pas faux. Mais la conversation avait bien vite dérivée, et, sur un coup de tête, je m'étais révélé, parlant quelques secondes sans accent et affirmant connaître son secret. Ceci l'avait mis dans une froide colère, lui faisant perdre ses moyens, prouvant ainsi que j'avais vu juste en la soupçonnant de se travestir. Elle avait par la suite accepté de me suivre dans une taverne, ce qui expliquait notre présence ici.

Mais pourquoi diable avais-je choisis un tel endroit ?! Je n'avais jamais été à l'aise dans ces établissement... Depuis que mon maître m'avait enivré, pour me montrer les effets négatifs de l'alcool, j'évitais tous les lieux qui en vendaient... Après un an et demi passé en sa compagnie, il avait décidé de m'initier à la prise d'alcool... Notre première « séance » avait été un vrai supplice... Il m'avait fait boire, en excès... Après avoir vomi, je m'étais endormi et réveillé des heures plus tard, la tête semblant avoir été piétinée par un troupeau de mammouths laineux. Celles qui suivirent, bien que moins éprouvantes, furent tout aussi désagréables. Régulièrement, il me faisait boire afin d'éprouver ma résistance aux boissons alcoolisées, et ces beuveries avaient littéralement fait disparaître toute envie de boire de mon être. La vue des hommes ivres me dégoutait passablement ; je détestais plus que tout ne pas contrôler mes faits et gestes, et je ne comprenais pas comment des personnes censées pouvaient aimer passer dans un état second qui leur faisait dire tout et n'importe quoi à grand renfort d'actions aussi inutiles que dangereuses. Mais je savais que cet « état second » pouvait m'être bien utile dans certains cas, pour soutirer à ces personnes de cruciales informations.

Malgré tout, j'étais inquiet, et je commençais à m'en vouloir d'avoir semé le doute dans l'esprit de Sil... Pourquoi donc avais-je parlé sans accent ? Sur le coup, cela m'avait semblé normal, or il n'en était rien... Heureusement que nous avions croisé une mosaraïa en nous rendant ici, car cela avait dû altérer ses doutes. En effet, une femme d'une quarantaine d'années nous avait croisés sur la route, et m'avait appelé, demandant son chemin dans un mosaraïa parfait. J'avais mis quelques temps à comprendre ses propos, mais j'avais fait passé mon silence pour un temps de réflexion quant à sa question. Je lui avais répondu d'une phrase simple mais claire, m'efforçant de prendre exactement le même accent qu'elle, ce qui l'avait conduite à penser que nous venions de la même ville... Après deux ou trois phrases échangées, la pluie s'était mise à tomber, ce qui m'avait libéré de ce difficile exercice de langue. Par chance, nous étions parvenus à la taverne avant que mes cheveux ne soient trempés, il n'avaient donc pas eu le temps de déteindre.

Nous étions donc attablés dans cette taverne... Ah ! Que je n'aimais pas les tavernes... Tous les lieux renfermant de l'alcool me faisaient peur en réalité, pourtant j'étais souvent obligé de m'y rendre. Il se trouve que je ne tenais que très peu l'alcool... Mais dans le cas présent, si je voulais que Sil boive afin de la faire parler, je ne pouvais pas me contenter de boire une tisane... Cela aurait été étonnant... Il fallait que je me force à ingurgiter de ce liquide, tout en faisant très attention à ne pas en abuser. Je devais m'arranger pour boire le moins possible, tout en l'incitant à vider ses verres... Enfin, avec un peu de chance, je n'aurais pas besoin de l'enivrer pour qu'elle me parle. Je verrai bien quelle tournure prendraient les événements, et j'aviserai quand le moment sera venu. Je fus tiré de mes réflexions par une jeune femme venue pour s'enquérir de notre commande. Il ne faisait aucun doute qu'elle était ourgognoise, car elle avait les mêmes pommettes et la même couleur de cheveux que le gérant de l'établissement, ce qui me laissa penser qu'ils étaient de la même famille. Je répondis avec un sourire courtois, d'une manière lente et détachée, comme si je faisais attention à ce que mon accent ne gêne pas la compréhension :

« Bonsoir, pour commencer, je voudrais une grande choppe d'eau bouillante. Voyez-vous, j'ai quelques allergies que je me dois de les soigner grâce à une infusion immonde, mais qui fonctionne très bien. Pour faire passer son goût, j'aimerai boire un vin de betterave, si vous en avez. »

Le vin de betterave faisait la fierté de cet établissement, je le savais, et il avait la particularité d'être à la fois bon, léger et... Cher. Surtout cher. Je pourrais en boire plusieurs verres avant d'être ivre. Je jetais un œil interrogateur à Sil, pour savoir quelle serait sa commande, tout en sortant de ma chemise une petite bourse contenant quelques perles, insistant pour régler la note. Peut-être que si ce n'était pas elle qui payait, elle serait plus encline à consommer... Ou peut-être pas. Mais cela m'était égal, c'était moi qui l'avait incitée à venir ici, c'était donc à moi de payer nos consommations. De toute manière, vu la quantité de produit que j'avais vendus au cours de la journée, je pouvais me le permettre... Tout en attendant qu'elle commande, je sortais de ma besace l'huile et la poudre, et commençais à préparer ma tisane. Il fallait que je dose le tout précisément pour ne pas finir trop clair ou trop foncé !

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Sil
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MessageSujet: Re: Taverne... Lieu où l'on fume, où l'on boit... Où l'on parle ? (PV Sil)   Taverne... Lieu où l'on fume, où l'on boit... Où l'on parle ? (PV Sil) Icon_minitimeLun 28 Sep - 16:25

Tout avait commencé comme ce qui paraissait être une journée ordinaire. Et plus les heures passaient, plus l’ordinaire semblait tourner à l’extraordinaire. Vu par un œil extérieur, bien sûr. Car du point de vue de Sil, l’ordinaire tournait plutôt au cauchemardesque.
Premièrement, elle avait été incapable de refuser l’invitation de cet apothicaire mosaraïa, qui souhaitait lui parler de sa chienne, Neptuun. Ensuite, elle avait accepté de s’éloigner des docks en sa compagnie. Puis, il lui avait révélé savoir qui elle était en réalité. Elle avait paniqué, elle avait crié, et elle était persuadée qu’elle avait dû commettre quelques erreurs dans sa façon de parler – pardon, de hurler – qui ne faisaient qu’empirer la situation. Finalement, elle n’avait pu s’empêcher de le suivre dans cette taverne, établissement ourgognois par excellence. La cerise sur le gâteau ? Neptuun avait été refoulée à l’entrée.

Autant dire que l’humeur actuelle de Sil rivalisait de noirceur avec les nuages qui se vidaient bruyamment au-dessus de leurs têtes.

Le menton dans la main, la jeune femme se répétait en boucle cette question, qui l’avait accaparée tout au long du trajet qui l’avait conduite ici : Comment ai-je pu en arriver là ? La réponse était simple : *Parce que tu es une idiote.* Simple mais pas vraiment satisfaisante. Raison pour laquelle elle ne cessait de se morfondre sur son sort. À ses côtés, le Mosaraïa paraissait plus détendu, du moins en apparence. Sil s’affala un peu plus sur sa chaise et jeta un coup d’œil autour d’elle. Elle était habituée à ce genre d’endroit et, à présent qu’elle se promenait avec des frusques d’homme, elle s’y sentait bien plus à l’aise. Même si vider plusieurs choppes de bière avait le don de détendre même la plus coincée des bourgeoises. Ce qu’elle n’était pas, assurément… De son point de vue. Au moins ne risquait-elle plus de se montrer embarrassée parce qu’un homme tentait de lui offrir à boire. Inconsciemment, Sil sourit à quelques uns de ces souvenirs. Ah, oui… elle avait oublié comme certaines situations avaient pu tourner au comique… Elle retint de justesse une exclamation moqueuse et se redressa sur sa chaise, regardant à présent autour d’elle avec un œil neuf. À vrai dire, elle n’était plus venue dans une taverne depuis des lustres. Depuis qu’elle avait Neptuun, en fait… Le semblant de bonne humeur qui avait saisi la jeune femme s’envola aussitôt. Neptuun. Pauvre Neptuun. Abandonnée à son triste sort alors que… Le tonnerre gronda, et un éclair zébra le ciel. Sil se força à détourner le regard de la fenêtre. Sa pauvre Neptuun, sa seule amie, sa compagne, sa…

Fort heureusement, une serveuse arriva à cet instant, ce qui permit à Sil de remettre de l’ordre dans ses idées… à sa façon. Elle haussa un sourcil tandis que le Mosaraïa commandait de l’eau chaude et du vin de betterave. Eh bien ! il avait bon goût… Ce n’était pas donné. *Je n’aurais pas les moyens de me payer cela*, songea la jeune femme. *Enfin, plus maintenant.* Ce n’était pas son maigre salaire de scribe qui lui permettait de mener la grande vie. Mais tout cela l’arrangeait bien, car c’était à l’extrême opposé de la jeune fille qu’elle avait été. Elle croisa les bras sur la table et sourit à la serveuse :

« Une choppe de bière pour moi ! »

Quitte à s’enfoncer davantage dans l’absurdité et la honte, autant le faire proprement. Qu’on se le dise, Théséa Silencio n’était pas du genre à faire les choses à moitié.

À sa grande surprise, la serveuse lui sourit en retour, d’un air un peu… Enfin, disons que l’expression de Sil se figea. Il fallait croire que son déguisement était encore efficace
pour certaines personnes… Elle coula un regard prudent à son voisin… et se rendit compte avec retard qu’il avait l’intention de lui offrir à boire. Aurait-elle été de meilleure humeur, qu’elle aurait sourit devant l’ironie de la situation. Elle resta pourtant muette, songeant qu’elle pourrait toujours insister pour payer sa part plus tard. Et quand bien même il refuserait, elle n’aurait pas mauvaise conscience car la bière était, et de loin, l’alcool le moins cher sur le marché. Elle avait beau avoir bafoué son rang en devenant presque une habituée des tavernes comme celles-ci, Sil avait encore un minimum d’éducation – bien plus qu’elle ne voulait l’avouer, en fait – et commander cher alors qu’un autre payait n’était pas dans ses habitudes. Un peu embarrassée, car elle ne voulait pas lancer une discussion sur le sujet, elle demanda tout à fait innocemment :

« Vous avez des allergies ? À quoi donc ? »

Quelques heures plus tôt, elle aurait probablement fait preuve d’un peu plus de tact, mais après la discussion qu’elle avait eue avec cet homme, elle était trop fatiguée pour faire des efforts dans ce sens-là. Elle avait accepté de continuer de parler ici, mais en réalité elle ne se sentait pas d’humeur à entretenir une conversation. La journée avait été longue, et elle était trop épuisée pour avoir envie de réfléchir à sa façon de parler, des expressions aux formules de politesse, en passant par les fautes d’accord féminin-masculin. Et puis… il prétendait savoir… Mais que savait-il au juste ? Qui elle était ? Sil songea alors qu’il pouvait penser à son déguisement, aussi bien qu’à ses origines sociales. Et même s’il avait deviné qu’elle était une femme, et qu’elle n’était pas originaire des BasQuartiers, savait-il qui elle était réellement ? L’heure était peut-être venue de poser la question. Après tout, c’était bien pour cela qu’il l’avait amenée ici, non ? Elle n’avait pas envie de tourner autour de pot éternellement. Elle jeta un coup d’œil agacé autour d’elle, pour constater que la serveuse leur apportait leur commande, un sourire affable aux lèvres.

« Voici pour vous. »

Elle déposa une immense tasse d’eau chaude devant le Mosaraïa, qui aurait pu rivaliser avec la choppe de bière qui se retrouva devant le nez de Sil. Sans oublier le vin de betterave. La jeune femme lui en fut reconnaissante de ne pas leur réclamer de perles tout de suite. Elle n’avait pas envie de discuter de cela avec son cher apothicaire. Elle commit malheureusement l’erreur de sourire à nouveau à la jeune femme, par réflexe. Et eut l’impression qu’elle ne la quitterait pas des yeux de la soirée. *Pourvu qu’on en finisse, et rapidement*, songea la jeune femme en serrant les dents. Elle attrapa sa choppe d’un air résolu et se pencha enfin vers son voisin afin de conserver le peu de discrétion dont elle pouvait encore faire preuve.

« Que savez-vous exactement ? »

Parfois, Sil se plaisait à imaginer que Neptuun faisait office de bonne conscience pour elle. Elle savait les chiens intelligents, mais les regards que lui lançait son animal lui donnaient souvent l’impression de se retrouver face à sa petite sœur. Lorsque, du haut de ses neuf ans, elle prenait une moue sérieuse pour déclarer : « C’est mal d’aller dans une taverne. » Cela faisait toujours sourire Sil. Et réfléchir, aussi. Mais le fait était que, ce soir-là, Relana était dans leur maison sur la Falaise, et Neptuun devait renifler un tonneau quelque part autour de l’établissement. Sil laissa encore quelques instants ses pensées voler en direction de sa chienne. Lorsqu’elle s’était rendue compte qu’elle ne pourrait pas entrer avec elle, qu’il faudrait qu’elle la laisse seule, et sous des trombes d’eau – quoique Neptuun était assez intelligente pour rester sous l’avant-toit – elle s’était sentie coupable et avait faillit rebrousser chemin. L’établissement n’était pas tenu par des Fleuvois pur souche, et même si elle comprenait que les clients soient offusqués par la présence, même discrète, de la chienne, et que cette dernière semblait se plaire à l’extérieur, Sil ne pouvait se résoudre à l’abandonner. Bizarrement, c’était un regard en direction de l’apothicaire l’avait convaincue d’entrer. Une impression étrange l’avait saisie, comme une certitude qui lui disait qu’il fallait qu’elle le fasse, parce que c’était important. *Pourvu que je ne perde pas mon temps*, songea-t-elle pour la énième fois en se retenant de lever les yeux au ciel devant une idée aussi absurde.
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Johian de Morestel
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Taverne... Lieu où l'on fume, où l'on boit... Où l'on parle ? (PV Sil) Vide
MessageSujet: Re: Taverne... Lieu où l'on fume, où l'on boit... Où l'on parle ? (PV Sil)   Taverne... Lieu où l'on fume, où l'on boit... Où l'on parle ? (PV Sil) Icon_minitimeMer 30 Sep - 18:18

De la bière... Elle avait commandé de la bière. Au moins, cela ne me ruinerait pas ! Mais il y avait plus violent, comme alcool, surtout que la plupart des établissements bon marché coupaient la bière d'eau. Si je voulais la faire boire pour qu'elle parle, il faudrait qu'elle ne se satisfasse pas de bière. Mon esprit s'égara sur la jeune femme, elle était mignonne... Il faudrait que je me renseigne sur elle, ses manières me plaisaient, et je n'avais jamais eu l'occasion de me déguiser en Ourgognois. Je fus ramené à la réalité par une question de Sil, malheureusement, je ne l'avais pas entendue... Ou de manière très lointaine... Fichue taverne ! Cela ne serait jamais arrivé dans un autre endroit... Mais pourquoi diable avais-je choisis ce lieu ?... J'allais passer pour un idiot, à ne pas répondre à sa question ! Qu'avait-elle bien pu me demander ? J'espérais que ce n'était pas quelque chose d'important ; si elle avait commencé le débat sur le pourquoi du comment de notre présence ici, cela aurait pu paraître déplacé de ne pas répondre... Il fallait que je trouve une réponse passe-partout, qui pourrait retarder la conversation, le temps que je sache ce dont elle avait parlé. Mais avant qu'une ébauche de phrase me vienne à l'esprit, la jeune ourgognoise était revenue, et avait déposé devant nous nos commandes respectives.

Tandis que je la remerciais, j'analysais ses réactions. Elle était polie mais ne s'attardait pas : elle savait qu'elle avait beaucoup à faire, mais aussi que les clients d'une taverne ne sont pas toujours bien intentionnés envers une jeune personne telle qu'elle. J'étais prêt à parier qu'en cas d'incident elle saurait quoi faire, car, de toute évidence, elle connaissait son métier qu'elle devait pratiquer depuis plusieurs années. Mon attention revint à ma choppe d'eau chaude... Il fallait que je calcule minutieusement les doses, et j'espérais que cette interruption, ajoutée à ma concentration suffirait à justifier mon absence de réponse... Maudite soit cette fumée ! Pourquoi tous ces gens ne trouvaient-ils rien de mieux à faire que de fumer des herbes hallucinogènes et malodorantes ?! J'avais de plus en plus de mal à me concentrer, et les particules de poudre de nacre d'huitre semblaient danser devant mes yeux. Je mis ma tête dans une main, et fermai les yeux. Lorsque mon vertige passa, je bus une gorgée de vin, ce qui sembla me redonner de l'énergie, tout en me réchauffant l'œsophage. Je pus ainsi terminer de préparer ma tisane, que je commençai à boire, lorsque Sil reprit la parole.

Elle s'était rapprochée de moi, et avait parlé d'une voix claire mais basse. Je mis quelques secondes à comprendre ce qu'elle voulait dire tant mon cerveau était embrumé. Boire une gorgée de vin n'y changea rien, et je cherchai un moyen de me défaire de l'effet négatif de la fumée. Mais oui ! Pourquoi n'y avais-je pas pensé plus tôt ?... Tom m'avait confié quelques temps avant son départ des bouts de sève d'érable, une substance rare, mais peu chère, car peu de personnes connaissaient son utilité. Cette sève permettait d'accroître l'attention des personnes qui en consommaient, faisant d'elle un excellent produit pour rester sur ses gardes lors de pareilles circonstances. Je fis un signe de tête à « l'adolescente », lui montrant ainsi que j'avais entendu sa question et que je comptais y répondre. Je plongeai ma main dans ma besace, afin d'en tirer la petite boîte en bois fin qui contenait mes billes de sève. Après en avoir mâchouillée une pendant quelques secondes, je pris la parole sur un ton qui imitait plutôt bien, du moins à mon goût, celui qu'avait eu la mosaraïa croisée plus tôt, lorsqu'elle m'avait appris avoir rencontré un jeune homme avec un bouquet de fleurs.


« Pardonnez moi, je prends mes médications devant vous mais, si je ne le fais pas, je risque de m'endormir sur la table... Voyez-vous, toutes ces fumées m'incommodent, d'autant que je suis allergique à deux des plantes utilisées pour les produire... Mais passons ! »

Sur ces dires, je vidai d'un trait ma choppe d'eau, me brulant ainsi la moitié du gosier. Le goût acre de la poudre, mélangé à celui, amer, de l'huile donnait à cette tisane un goût affreusement ignoble, qui me fit monter les larmes aux yeux et le cœur au bord des lèvres, comme toujours. Le mieux dans tout cela, c'est que j'aurais mal à l'estomac tant que tout ceci ne serait pas passé dans mon sang. C'était le prix à payer pour un déguisement convaincant ! D'une voix plus discrète que précédemment, je m'apprêtai à répondre à sa question :

« Que sais-je... Ainsi donc c'est la question qui vous tracasse le plus. Si elle vous tracasse, c'est qu'en effet vous avez quelque chose à cacher, que vous n'espérez pas voir découvert, outre votre petite... Mascarade. » Je laissais quelque secondes passer, buvant une gorgée de vin. « Je n'ai aucune raison de ne pas vous répondre, et tourner autour du pot ne servirait à rien. Je suppose que vous ne souhaitez pas vous attarder, et moi non plus. Toutes ces fumées me montent à la tête. Aussi je vais tâcher d'être clair, je vous prie de m'écouter jusqu'au bout... »

Ma plus grande hantise, à ce moment-la de la soirée, était que, en entendant mes paroles, elle se lève et s'en aille. Si elle le faisait, tous se poseraient des questions, mais personne n'irait plus loin qu'évoquer une hypothèse, qui se perdrait bien vite dans les conversations de la nuit... Mais je savais, au fond de moi, que même si une telle chose devait se produire, je ne la laisserait pas disparaître. Quitte à passer la prochaine semaine dans ces quartiers, je tâcherai de découvrir ce qui m'intriguait, avec ou sans son aide.

« En réalité, je ne sais rien. Je n'ai fait qu'émettre des hypothèses, hypothèses vérifiées pour certaines. Ainsi, en vous voyant, j'avais deviné que vous n'étiez pas un adolescent, car vos attitudes sont, malgré vos efforts, clairement féminines. De plus, vos paroles, vos réactions montrent une certaine maturité, bien que certaines ne soient pas toujours réfléchies, ce qui m'amène à penser, qu'outre votre sexe, vous dissimulez aussi votre âge. En dernier lieu, votre façon de parler et les mots que vous utilisez ne sont pas habituels dans ces quartiers-ci... Votre langage me paraît être plus « raffiné », si j'ose dire, ce qui, je pense, montre que vous venez d'un milieu plus aisé, dans lequel vous avez reçu une certaine éducation. Ainsi donc vous savez écrire, compter, vous tenir, et parler de manière correcte, ce qui n'est pas le cas des trois quarts de la population ici. En clair, voici ce que je sais : vous n'êtes pas un homme, vous n'êtes pas adolescente, et vous n'êtes pas issue des BasQuartiers. »

Je laissais quelques secondes à mes paroles, afin qu'elles prennent tout leur sens. Je voulais que Sil comprenne bien jusqu'où étaient allées mes conclusions, afin qu'elle cerne mieux les questions qui me taraudaient. Il fallait, surtout, qu'elle ne se méprenne pas sur mes attentions, car, je ne m'intéressait pas du tout à qui elle était, mais à ce qu'elle était, et cela, il me fallait impérativement qu'elle le comprenne. Avant qu'elle ne puisse dire la moindre chose, je bus une nouvelle gorgée de mon vin de betterave, et je repris :

« On en arrive donc à mon but. Voyez-vous, arrivé là, on pourrait penser que je n'ai qu'un but, découvrir votre identité, connaître votre passé. Or il n'en est rien. Je me moque éperdument que votre mère vous battait, que votre père cultivait des tomates, que votre sœur s'était pris de passion pour vos cheveux ou que votre tante prenait un malin plaisir à vous enfoncer des clous dans les joues. Non, tout ceci m'est complètement égal, au même titre que votre nom ou que votre ancienne demeure. Je ne veux pas connaître non plus les raisons qui vous ont poussées à vous déguiser. Ce qui m'intéresse moi, c'est pourquoi ? Pourquoi en adolescent, pourquoi en scribe ? Pourquoi pas en personne âgée ou en marchand ? Qu'est ce qui vous a poussé à choisir ce déguisement là et pas un autre ? Je m'intéresse aussi à comment. Comment vous déguisez-vous ? Grâce à quels moyens ? »

Voilà, tout était dit. C'était la première fois que je rencontrais quelqu'un qui se déguisait, et je voulais savoir pourquoi. J'avais choisis ce déguisement car il représentait un défi pour moi, un défi muet que je m'étais fait à moi-même... Mais je n'avais jamais eu l'occasion d'observer une personne qui se déguisait, et je voulais la comprendre. C'était tout ce qui m'intéressait.
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Sil
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MessageSujet: Re: Taverne... Lieu où l'on fume, où l'on boit... Où l'on parle ? (PV Sil)   Taverne... Lieu où l'on fume, où l'on boit... Où l'on parle ? (PV Sil) Icon_minitimeLun 5 Oct - 17:56

L’apothicaire sembla ignorer sa première question. Il eut l’air de l’avoir entendue, mais la serveuse revint avant qu’il ait réagi et, par la suite, il se concentra sur sa tisane. Sil fronça les sourcils par réflexe mais ne dit rien. Après tout poser cette question n’avait d’autre but que celui de se montrer polie. Elle n’était pas curieuse de nature. Elle. Un mince sourire étira ses traits. Non que la situation commençât à l’amuser, mais elle était fatiguée et sentait qu’elle dépasserait bientôt ce stade. Elle se connaissait et savait que lorsqu’elle était réellement fatiguée, elle commençait à dire n’importe quoi. Son humour – enfin ses tentatives d’humour – s’en faisaient souvent sentir, raison pour laquelle elle évitait en général d’expliquer tout haut le pourquoi d’un sourire. Le Mosaraïa se pencha un peu en avant, attirant son attention. Il n’avait pas l’air d’aller bien, et Sil se demanda si c’était à cause de la tisane qu’il n’avait pas encore prise. Songeant qu’il ne répondrait pas à une nouvelle question sur le sujet, elle préféra attendre que cela lui passe et le fixa attentivement – et de façon presque impolie – tandis qu’il préparait sa mixture. Ce n’est qu’ensuite qu’elle se décida à aborder le sujet de leur venue ici, en espérant que, cette fois, il aurait le cran de lui répondre, et honnêtement s’il vous plaît.

Il hocha la tête mais ne parla pas immédiatement. Il prit un petit objet rond dans sa sacoche et le fourra dans sa bouche. Sil fronça les sourcils, mais cette fois encore ne fit aucun commentaire. Sans qu’elle lui ait demandé quoi que ce soit, il lui expliqua que la fumée l’incommodait et qu’il y était en partie allergique. Ce qui répondait à sa première question. Elle hocha la tête pour lui signaler qu’elle avait compris, et tâcha de ne pas paraître trop impatiente. Pour tromper sa nervosité, elle avala sa bière. Cul sec.

S’il y avait bien une chose qu’il fallait savoir, c’était que Sil tenait très mal l’alcool. Ce qui ne l’empêchait pas de le faire, mais qui expliquait en partie pourquoi elle avait demandé une bière et pas un alcool plus fort. Elle fit la grimace, un peu instinctivement, en songeant qu’elle aurait bien aimé en boire une deuxième, et reposa la choppe face à elle. Puis elle leva les yeux vers le Mosaraïa, qui reprenait la parole.


« Que sais-je... Ainsi donc c'est la question qui vous tracasse le plus. Si elle vous tracasse, c'est qu'en effet vous avez quelque chose à cacher, que vous n'espérez pas voir découvert, outre votre petite... Mascarade. »

Sil fronça les sourcils, sans comprendre.

« Ma… "mascarade" ? » répéta-t-elle en le questionnant du regard.

Elle n’était pas sûre de saisir la différence entre ce qu’elle cachait et ladite mascarade. Ensuite, comme il affirma qu’il allait lui répondre et qu’elle ne devait pas l’interrompre, elle garda le silence. Tout en le jugeant assez gonflé. Mais bon, après tout… c’était elle qui avait accepté cette invitation. À présent qu’elle assume. Elle joua un peu avec sa choppe, tout en se préparant à encaisser tout ce qu’il allait lui dire. Elle resta silencieuse tandis qu’il énumérait ses hypothèses et ses conclusions. Toutes justes. Cela eut le don d’agacer la jeune femme, et elle attrapa sa choppe… avant d’y jeter un coup d’œil et de se rappeler qu’elle l’avait déjà vidée. Elle plongea la main dans la poche de son pantalon et piocha quelques perles, avec lesquels elle joua distraitement sous la table pendant que son interlocuteur continuait de parler. C’est alors qu’elle entendit la commande d’un autre client à la serveuse. Comme elle passait devant leur table elle lui demanda, d’une traite :

« Pourrais-je avoir la même chose s’il vous plaît ? »

Pendant que la jeune femme lui apportait son verre, elle écoutait son interlocuteur en fronçant les sourcils, non de colère mais d’incompréhension. Peu avant la fin de sa tirade, la serveuse revint avec un verre. Sil le regarda quelques instants, mais les paroles du Mosaraïa retinrent bien vite son attention.

« Quel intérêt ? »

Cette remarque peu engageante lui avait échappé. Mettons cela sur le compte de la fatigue car, quoi qu’on dise, Sil avait l’alcool joyeux. C’est qu’il ne faisait pas encore son petit effet. Elle poussa un bref soupir, jeta un rapide regard – machinal – sur sa gauche et reprit :

« Ce que je veux dire, c’est… Cela me semble évident. Pourquoi en homme ? Que voulez-vous que je sois d’autre ? Et si vous pensez que cela m’amuse ou qu’il s’agit de… d’un espèce de fantasme inavoué, vous vous trompez. Ce n’est qu’une question de pratique. »

Elle marqua une brève pause, songeant qu’elle n’avait pas envie d’entrer dans les détails à ce sujet, ni d’expliquer comment ou pourquoi cette idée – ou plutôt cette nécessité – lui était venue à l’esprit. Elle fit passer ses perles dans une main, attrapa son verre, qui contenait une eau-de-vie quelconque, et en but une gorgée sans cesser de jeter des coups d’œil autour d’eux. Le choix n’était peut-être pas judicieux, surtout en sachant qu’elle ne supportait pas ce genre de boissons. Néanmoins comme pour beaucoup de personnes, Sil trouvait l’alcool bien pratique quand on avait soif, ou envie de penser à autre chose. Ou les deux. Elle reposa son verre avec une mine circonspecte – le goût de la cerise, d’où était tirée la liqueur, était trop fort pour elle – et continua d’une voix rendue un peu rauque par l’alcool :

« Pourquoi en adolescent ? Parce que je n’aurais pu jouer le rôle d’un homme de mon âge. Et pourquoi en scribe ? Parce que mes parents m’ont appris à lire et à écrire, et que je préfère utiliser convenablement cet enseignement, plutôt que de jouer aux dockers alors que je n’en ai pas les capacités. »

Il n’y avait qu’à voir la façon dont ses "collègues" étaient bâtis… Aux yeux de Sil il s’agissait là d’une évidence. Après quelques minutes de silence, elle pointa un doigt accusateur sur l’apothicaire. Ce n’était certes pas poli, mais la notion même de politesse lui sortait souvent de la tête après une bière et une liqueur plus forte.

« Et vous, alors ? Pourquoi vous intéressez-vous autant à ces questions ? » marmonna-t-elle en plissant les yeux.

Elle garda le doigt tendu mais leva le bras en se penchant en arrière sur sa chaise.

« J’en veux un autre ! » chantonna-t-elle à l’adresse de la serveuse. « S’il vous plaît », ajouta-t-elle en souriant, comme la jeune femme approchait.

Elle finit son verre d’une traite puis joua quelques instants avec le verre vide, le fixant d’un air très profond, avant de le tapoter contre la table :

« Les moyens ! » s’exclama-t-elle un peu plus fort que prévu.

Elle se pencha vers le Mosaraïa et souffla :

« J’ai oublié de vous parler des moyens. C’est très simple en vérité. »

Elle reposa son verre et posa ses perles sur la table pour avoir les deux mains de libre, se laissa aller en arrière sur sa chaise et enleva sa casquette. Elle joua avec quelques instants puis la posa près des perles, et se balança sur les pieds arrière de sa chaise en expliquant :

« Je n’ai pas grand-chose à faire. Je mets des vêtements d’homme, c’est tout. La casquette c’est pour mes yeux. », ajouta-t-elle comme si l’explication était évidente.

Elle se passa une main dans les cheveux, habituellement aplatis par le couvre-chef, puis haussa les épaules.

« En-dehors de cela je ne vois pas… Je veux dire, vous vous y prendriez comment, vous ? » fit-elle en croisant les bras.

Elle ne pouvait évidemment pas savoir que l’apothicaire était plus rôdé qu’elle en matière de déguisement. Sans se rendre compte de l’effet que sa question pouvait avoir sur lui, elle se fendit d’un sourire lorsque la serveuse revint avec sa commande, signe que l’alcool commençait bel et bien à faire son petit effet…

Comme toujours dans ces cas-là, elle se sentait plus détendue, et sentait qu’elle affichait un air un peu stupide. Mais ce dernier point ne pouvait pas faire de mal à son image d’adolescent enjoué.


[HJ : Pff, avec tous ces bugs j'ai bien cru que j'arriverais pas à le poster avant demain --']
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Johian de Morestel
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MessageSujet: Re: Taverne... Lieu où l'on fume, où l'on boit... Où l'on parle ? (PV Sil)   Taverne... Lieu où l'on fume, où l'on boit... Où l'on parle ? (PV Sil) Icon_minitimeMer 7 Oct - 19:36

La soirée avançait à grands pas. La pluie semblait s'être calmée au dehors, bien que quelques clients tardifs entraient par moment, trempés jusqu'aux os. Depuis combien de temps étions-nous là ? Cela se comptait-il en minutes ou en heures ? Et puis au fond, quelle importance ? La conversation était intéressante, il faisait chaud et il était possible de boire, de manger... Et pourtant, pourtant quelque chose n'allait pas... Cette chose me titillait, sans que je parvienne à dire de quoi il s'agissait... Plus je parlais, plus la sensation de malaise s'intensifiait, et, ce n'est qu'au bout d'un temps que j'entrevis une réponse ; Sil avait avalé d'un trait sa bière, avait commandé un second verre. Je ne pus m'empêcher de froncer les sourcils, cette attitude m'agaçait au plus au point. Comment pouvait-elle boire autant dans un moment pareil, alors que, manifestement, elle ne le supportait pas ! Je fus tenté de me lever pour m'en aller, mais me contentais de demeurer assis en l'attente de réponses.

Ces dernières ne se firent pas attendre... Mais elles n'étaient pas à la hauteur de mes espérances. De toute manière, comment auraient-elles pu l'être ? Sil n'était apparemment pas dans son état normal, tant à cause de la fumée que de l'alcool... Enfin, surtout à cause de l'alcool. D'après elle, elle s'était déguisée en homme pour des raisons pratiques, pourtant, je savais depuis longtemps qu'il était plus facile à un homme de se travestir, qu'à une femme. N'aurait-il pas été plus aisé de se déguiser en femme plus âgée, de teindre sa peau et ses cheveux, de simuler des rides ou des signes de vieillesse ou quelque infirmité, plutôt que de tenter de cacher ses formes et ses attitudes féminines, par des subterfuges plus ou moins efficaces ? Non, je ne la comprenais pas. Moi-même, je privilégiais les costumes masculins, sachant la difficulté posée par l'incarnation d'une personne de l'autre sexe. Après, adolescent, scribe, pourquoi pas. Peu de personnes savaient écrire dans les BasQuartiers, donc il était aisé pour une personne cultivée de trouver du travail. Je savais que, dans la même situation, ce n'est pas ici que j'aurais choisi de m'établir, mais je ne souhaitais pas pousser plus en avant ces questions-ci. Ce qui m'intéressait, c'était comment. Comment elle s'y prenait. Peut-être avait-elle une méthode que j'ignorais, qui sait. Mais j'en doutais.

Je l'observais depuis un temps, mais d'un coup, elle sembla s'animer. Me pointant du doigt, puis se penchant en arrière sur sa chaise. Exaspéré, j'amenais ma tête contre la table, et la tapotait plusieurs fois. Ahh... Quelle journée ! La serveuse revint près de nous, et Sil lui commanda un nouveau verre. Je relevai prestement la tête, faisant sursauter un client qui venait de se lever à la table voisine, et foudroyai Sil du regard. A se balancer sur sa chaise, elle finirait par tomber ! Cette pensée m'arracha un sourire, je la vis s'étaler par terre... Enfin, ce n'était pas le moment de penser à ces choses, si je voulais que la discussion continue – et en avais-je envie ? - il fallait qu'elle arrête d'ingurgiter ce liquide !


« Vous buvez trop ! Dis-je d'un ton accusateur, si vous continuez, je vais être obligé de vous porter jusqu'à chez vous, ou vous finirez la nuit dans le caniveau ! »

Je ne sais pas si elle m'avait entendu, peut-être ma voix avait-elle été noyée dans le bruit de la taverne, quoi qu'il en soit elle avala d'un trait ce qui restait dans son verre, avant de le contempler d'un air perdu. Je soupirai en secouant la tête, et m'étirai. Je n'appréciais pas vraiment de rester aussi longtemps assis, mais je n'avais pas tellement le choix, en cet instant. Avant que je ne puisse expliquer ce qui motivait mes questions, elle s'exclama, d'une voix étrange, qu'elle ne m'avait rien dit des moyens qu'elle utilisait. Ce qui était vrai, mais avec tout cela, ça m'était sorti de l'esprit. Des vêtements d'homme. Et une casquette. Brillant, vraiment très brillant. Moi qui m'était attendu à quelque chose de plus poussé ! Bha ! Il devait bien y avoir un corset aussi, quelque chose pour cacher sa poitrine... Enfin, cela était évident, ce qui l'était moins, c'était cette étrange casquette. Pour cacher ses yeux ? Volonté étrange... Sa dernière remarque me crispa... M'avait-elle demandé comment je m'y prendrai, en faisait allusion à ma subite « perte d'accent », ou simplement était-ce une manière de relancer la conversation ? J'espérais ardemment qu'il s'agissait de la seconde hypothèse mais, dans le doute, il ne fallait pas que je paraisse en savoir plus que je n'aurais dû.

« Et bien écoutez, je pense que votre visage est trop fin. Peut-être devriez-vous le faire paraître plus carré, j'ai pour cela tout un assortiment de poudres ou de fusains qui permettrait un maquillage léger et naturel, pour donner l'impression que votre mâchoire est plus imposante. »

Comme pour appuyer mes dires, je sortais de ma besace une série de produits... Pas un seul d'entre eux n'était destiné à ce dont j'avais parlé, mais vu l'heure, et l'état de Sil, je doutais qu'elle s'y intéresse. Et quand bien même, je trouverais bien une excuse, car après tout, le mensonge faisait partie de mon métier. Je me tus quelques instants, perdu dans l'admiration de mon verre de vin de betterave, qui semblait encore bien plein, par rapport à celui de Sil... D'un côté, l'alcool me répugnait, et pourtant... Si on savait l'apprécier, cela pouvait-être agréable d'en boire, non ? Sinon pourquoi tant de gens y puisaient quelque réconfort. Sans réfléchir, je me saisis de mon verre et le vidait de son contenu en quelques gorgées rapides.

Immédiatement, je sentis ma gorge se mettre à bruler, et ma tête à tourner. Je crus que j'allais basculer de ma chaise tant ce qui se trouvait autour de moi semblait bouger... Puis je me mis à tousser, d'une toux humide et douloureuse... J'avais avalé la dernière gorgée de travers. Décidément, l'alcool n'était pas fait pour moi. Et je toussais, encore et toujours, à tel point que je crus, l'espace d'un instant, que jamais je ne m'arrêterai. Tandis que la serveuse prenait une commande non loin de là, je l'appelai pour lui demander un vers d'eau, d'une voix éraillée et faible. Mon ventre me brula quelque peu, et j'eus envie de vomir. « Non ! Ne vomis pas, idiot... Et ta tisane ?! »... Il fallait que je sorte, que je prenne l'air. Je ne me sentais pas la force de trouver une excuse pour prendre congé, aussi je me levai d'un air incertain, malheureusement, mes jambes se dérobèrent, me faisant retomber brutalement sur ma chaise. Un spasme me secoua, et je pris ma tête entre mes deux mains. J'étais parcouru de frissons, et j'attendais mon verre avec impatience. L'œil vide, je contemplais le verre de Sil, songeant que ma bouche était bien pâteuse, ce soir... Je fis une grimace, à mi-chemin entre un sourire et un rictus de dégoût.



[Hj : désolée pour cette réponse un peu nulle, mais j'ai pas trop la tête à écrire, désolée x( ]
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MessageSujet: Re: Taverne... Lieu où l'on fume, où l'on boit... Où l'on parle ? (PV Sil)   Taverne... Lieu où l'on fume, où l'on boit... Où l'on parle ? (PV Sil) Icon_minitimeSam 10 Oct - 19:31

[HJ : Mais non, elle est pas nulle ! Moi j'aime bien quand Jojo a la bonne idée de finir son verre xD]

Intérieurement, une part de Sil se réjouissait, et était même très fière d’avoir commandé un deuxième verre. Alors lorsqu’elle entendit les paroles de l’apothicaire, cette part d’elle – que l’on pourrait assimiler à son côté « adolescent stupide » – fit un rapprochement entre son attitude moralisante et sa mère, qui avait toujours été surentraînée de ce côté-là. Il fallait dire que Sil n’aimait pas les rabat-joies, et il y avait une bonne raison à cela : Elle ne se permettait pas souvent un tel relâchement, et lorsque cela se produisait elle détestait qu’on lui mette des bâtons dans les roues. Mais Sil n’était pas la seule à penser dans cette tête. D’un autre côté, il y avait sa part responsable et bien élevée, plus communément appelé conscience – appelons-la Théséa – qui regardait d’un air plus ou moins agacé la scène. Mais comme Théséa n’avait aucune emprise sur l’alcool qui circulait dans le sang de son corps, elle avait la gentillesse de se taire. C’est donc Sil qui rétorqua, avec un sourire amusé :

« Mais quel rabat-joie ! Vous m’avez amenée ici, alors assumez. De toute manière je payerai tout ce que je bois », ajouta-t-elle sans se rendre compte qu’elle ne prêtait plus aucune attention à sa façon de parler.

La remarque de l’apothicaire la faisait bien rire, parce qu’elle se savait tout à fait capable de regagner sa chambre des BasQuartiers sur ses deux jambes. Et puis, Neptuun serait avec elle. C’était peut-être idiot, mais elle avait assez confiance en elle pour s’imaginer que personne ne pouvait l’ennuyer tant qu’elle était à ses côtés. Enfin, rappelons quand même qu’elle n’était pas tout à fait lucide.
La jeune femme fit ensuite part au Mosaraïa de ses tactiques de déguisement – rien de très recherché, il fallait bien l’avouer – et elle lui demanda comment il s’y prendrait. Mais sa question n'était elle-même pas très recherchée. Si la précédente perte d’accent de l’homme l’avait titillée, tout comme le contraste avec son parlé parfait avec la femme Mosaraïa qu’ils avaient croisés un peu plus tôt, Sil était pour l’heure absolument incapable de se servir aussi intelligemment de sa tête. Déjà qu’habituellement il lui arrivait de manquer de perspicacité – n’importe quelle personne censée aurait, par exemple, refusé un autre verre en sachant qu’elle ne le supporterait pas – il ne fallait pas la surestimer,
surtout pas avec deux verres dans le nez.
Elle attendait tout de même la réponse avec intérêt, parce qu’après tout elle n’aimait pas être la seule à poser des questions. Le Mosaraïa lui rétorqua qu’elle devrait faire en sorte que son visage paraisse un peu moins fin. Sil soupira, un peu agacée. Mettre du maquillage était bien la dernière chose qu’elle souhaitait. Avec une robe, peut-être… Mais disons que cela lui rappelait trop la personne qu’elle voulait éviter d’être. Pour l’instant, car à vrai dire elle ignorait pour combien de temps encore elle se cacherait ainsi. Elle n’y avait jamais réfléchi, et elle ne tenait pas à le faire, surtout pas ici. Voyant que l’apothicaire sortait tout un tas de produits de son sac – décidément il ne perdait pas une occasion de faire des affaires, songea-t-elle – Sil décida de réfréner ses ardeurs :


« Euh, oui… Vous êtes gentil mais non merci. Parce que si vous réfléchissez bien… »
Elle leva le doigt, comme si elle était sur le point de soulever un point très important. Et n’importe qui, en voyant son air apparemment très sérieux, aurait deviné qu’il était impossible que les paroles suivantes soient réfléchies.

« ... Si ma mâchoire est plus carrée… mon scribe prendra un coup de vieux. Comment voulez-vous que j’explique à mes collègues que j’ai pris un an en une nuit ? » questionna-t-elle en agitant le doigt.

Elle sourit, apparemment fière de son raisonnement, même s’il n’était pas sûr que son interlocuteur le trouve aussi intelligent. Elle continuait toujours de se balancer sur sa chaise, quand il fit une chose à laquelle elle ne s’attendait pas : il vida son verre d’une traite. Un large sourire s’étala sur le visage de Sil, et jamais elle n’avait autant ressemblé à un adolescent.


« Hé, vous voyez, quand vous voulez ! » s’amusa-t-elle.

Elle continua de le considérer d’un œil ravi, jusqu’à ce qu’il se mette à tousser. En temps normal, Sil (enfin, Théséa, son côté « raisonnable ») se serait probablement inquiétée. Au lieu de cela, elle éclata de rire. Ce n’était pas méchant, car cela ne visait pas l’apothicaire en particulier, mais la scène lui rappelait la première fois où elle avait goûté à l’alcool. Elle s’était à moitié étouffée devant toute une salle de clients hilares. D’ailleurs on lui avait immédiatement proposé de l’herbe à fumer, soi-disant « pour lui redonner un coup de fouet », herbe qu’elle avait poliment déclinée. Elle ne tenait pas à s’étouffer une deuxième fois. À présent complètement submergée par l’alcool qu’elle avait avalé, Sil ne réussit pas à contenir son fou-rire. Le pauvre apothicaire tentait à présent de se lever, chose qu’il ne réussit pas. Sil frappa du poing sur la table pour se calmer, sans succès. Elle finit par se tenir les côtes, hilare, jusqu’à ce que sa chaise bascule et qu’elle tombe à la renverse dans un bruit fracassant. Malheureusement, l'effet ne fut pas celui escompté. Au lieu de se calmer, son hilarité redoubla, sous les regards amusés de plusieurs clients. Lorsqu'elle réussit à réfréner assez son fou-rire afin de se redresser à quatre pattes, elle s'aida de la table pour se hisser à la hauteur de l'apothicaire. En voyant l'air qu'il affichait, son sourire s'effaça un peu.


« Pardon »,dit-elle en redressant sa chaise.

Il lui fallut plusieurs tentatives pour parvenir à s'y asseoir. Lorsqu'elle réussit, la serveuse apportait au Mosaraïa un verre d'eau. Sans lui laisser le temps de le prendre, elle le poussa sur le côté et lui tendit son verre à elle. Une chose était certaine, il valait mieux qu'elle ne le finisse pas.


« Ah, non », dit-elle en lui tendant son verre. « Après ça, votre eau va avoir un goût dégueulasse », affirma-t-elle très élégamment.

Il fallait dire que qu'il y avait un moment que la jeune femme n'avait pas passé du temps en compagnie de femmes. Et puis, l'alcool aidant... elle adoptait facilement un langage plus familier que d'ordinaire. Elle posa son verre à moitié vide sous le nez du Mosaraïa et lui sourit de façon encourageante. Du moins là était l'intention. Elle croisa les bras sur la table et fit un petit signe de la main pour le pousser à vider le verre.


« Allez, allez », dit-elle. « J'ai répondu à vos questions, maintenant à votre tour de faire un effort. Je ne vous laisserai pas sortir tant que vous n'avez pas fini ce verre... »

Elle sourit, amusée. Après tout, c'était vrai... Elle avait accepté de le suivre ici, elle avait accepté de répondre à ses questions... Il pouvait bien faire un geste de remerciement... Ne me demandez pas où est le remerciement dans l'histoire, même moi je l'ignore. Je ne suis pas ivre, moi. Sil faillit sourire une nouvelle fois, mais elle se mordit la lèvre pour se retenir et posa la tête sur ses bras afin de n'être entendue que de son interlocuteur :

« Maintenant, dites-moi... Pourquoi vous intéressez-vous autant à moi ? »
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Johian de Morestel
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MessageSujet: Re: Taverne... Lieu où l'on fume, où l'on boit... Où l'on parle ? (PV Sil)   Taverne... Lieu où l'on fume, où l'on boit... Où l'on parle ? (PV Sil) Icon_minitimeMer 14 Oct - 19:03

Rabat joie, rabat joie... Oui ! Oui j'étais rabat joie, et fier de l'être... Non mais, ce n'était pas quelqu'un qui ne savait pas se déguiser qui allait me faire la morale... Um... Cela n'a rien à voir, et peut-être que cette personne était plus âgée que moi, d'ailleurs. Enfin peu importe. Toujours était-il que je trouvais cela idiot que de boire autant, ou de boire tout court d'ailleurs... Enfin bon, je ne pouvais rien y faire, surtout si elle réagissait comme cela... Je ne répondis donc rien, me contentant de lui dire qu'il faudrait que sa mâchoire soit plus carrée... Ce à quoi elle me répondit que si elle se maquillait, son scribe prendrait un an en une nuit, ce qui alerterait les autres dockers... Mais ! Avais-je sous entendu qu'elle devrait le faire d'un « coup » ? Il était évident qu'il fallait procéder par étape... Je soupirais... Vraiment, était-elle comme cela à cause de l'alcool ou était-ce son état naturel ?... Je commençais à me poser des questions, mais je finis par me dire que cela était dû à sa boisson... Je lui répondis donc d'une remarque sèche :

« Et peut-être ne trouveront-ils pas étrange qu'après plusieurs années votre scribe ne vieillisse pas ?Enfin passons, cela m'est complètement égal que l'on vous découvre, après tout... »

J'étais en colère... Mais montrer sa colère n'est jamais une bonne chose, aussi je m'imposais un calme relatif tout en rangeant mes produits dans ma besace. Aucun d'eux n'étaient destinés au maquillage, mais peut-importe puisqu'elle ne s'y intéressait manifestement pas, ce qui m'arrangeait bien. Une fois cela fait, je me mis à observer Sil d'un œil vitreux, vide, car je venais de m'étouffer avec mon verre de vin. Elle riait à n'en plus pouvoir, et cela m'agaça également au plus au point. J'allais lui répondre quelque chose lorsque je ne la vis plus... Je mis quelques secondes avant de m'apercevoir qu'elle était tombée au sol, faisant voler sa chaise, et je ne pus contenir mon rire... Douce vengeance. Elle se redressait tant bien que mal, et pendant ce temps là je savourais une victoire personnelle... Je l'avais dit qu'elle tomberait, je l'avais dit ! Je riais tant que des larmes me montèrent aux yeux...

C'est sur ces entre faits que la serveuse revint, apportant mon verre d'eau, dont je n'avais plus besoin puisque ma quinte de toux était passée... Je tendis tout de même la main pour m'en saisir, pensant qu'il me serait agréable de boire, mais Sil fut plus rapide, affirmant que je ferais mieux de boire son verre de liqueur plutôt que mon eau, qui de toute manière aurait un goût « dégueulasse »... Peut-être ne se déguisait-elle pas très bien, mais au moins elle parlait avec l'accent du quartier ! J'allais le lui faire remarquer quand elle affirma que je ne pourrais pas partir avant d'avoir bu cela. Je considérais le verre avec dégoût... Elle ne comptait pas réellement me le faire boire ?! Avant que je ne puisse émettre d'objection, elle me demanda pourquoi je m'intéressais à elle... C'est vrai ça, pourquoi ? D'une part, elle se déguisait, ce qui n'était pas chose courante. Mais je ne pouvais pas lui dire que c'était cela qui m'intéressait, elle m'aurait posé plus de questions, or je ne comptais pas parler de moi. D'ailleurs je n'avais qu'une envie maintenant, c'était de rentrer, d'autant plus que les dédales n'étaient pas la porte à côté, et si je voulais pouvoir dormir « chez moi » cette nuit, il ne me faudrait pas trop tarder. J'avais bien quelques pièces pour me payer une nuit à l'auberge, mais je devais économiser pour rejoindre mon maître en Esur. Cependant, je ne pouvais pas éluder la question, car cela n'aurait fait que renforcer sa détermination à obtenir des réponses ; il me fallait donc mentir sur mes motivations. Je pourrais par exemple dire qu'elle était une femme et moi un homme, mais cela ne tenait pas debout du tout. D'un air las, je me saisis du verre et me mis à faire tournoyer le liquide à l'intérieur. Il fallait que je continue à jouer mon rôle d'apothicaire !


« Mais voici un excellente question ! La réponse est en fait toute simple ; je m'intéresse à mes clients ! Je dois bien essayer d'en deviner un peu plus sur eux, si je veux avoir une chance de leur proposer des produits susceptibles de les intéresser, vous ne croyez pas ? Et ce que j'ai deviné sur vous m'a séduit, voilà tout. Cela change des vieilles dames toute courbaturées, vous ne trouvez pas ? »

Je ris de nouveau... Pourquoi ? Oh, pour rien, peut-être que dans mon esprit embué, la situation me semblait comique. A ce moment, mon verre me parut plus qu'attirant, et je le portais à mes lèvres avec la ferme intention de le vider d'un trait. Cependant, quelqu'un, ou quelque chose, en décida autrement, provoquant chez moi un violent éternuement, me faisant lâcher mon verre qui ne trouva rien de mieux que d'éclater sur la table, répandent l'intégralité de son liquide sur mes vêtements. Frustré, je me levais d'un bond tout en lâchant un chapelet je juron qui, pour la plupart, étaient en mosaraïa... J'avais toujours trouvé leurs insultes plus expressives et beaucoup mieux adaptées que les nôtres dans certaines situations, et, dans celle-ci, c'était les meilleures, et elles correspondaient parfaitement à mon personnage. Toujours était-il que maintenant j'étais trempé et j'empestais l'alcool fort ! Un comble pour quelqu'un que l'alcool répugne... A compter de cet instant, je me promis que j'éviterai, à l'avenir, les auberges comme la peste, ou que je trouverai une excellente excuse pour n'avoir pas à boire de ce liquide ni à respirer de cette fumée ! Tout dégoulinant de liqueur, je cherchais du regard quelque chose pour m'essuyer, lorsque je vis un vieillard sortir de sa poche un carré de tissus, dans l'intention de se moucher. Je me précipitais vers lui, lui arrachant son mouchoir des mains avant qu'il ne puisse s'en servir, et je frottais vigoureusement mes vêtements tandis qu'il me traitait de tous les noms. Une fois fait, je lui rendais son morceau de tissus trempé avec une courte excuse accompagnée d'une petite perle rouge, ce qui eut le don de le faire taire instantanément. Il me l'arracha des mains en marmonnant, s'empressant de l'empocher... Des fois que je change d'avis !

Je revins à notre table, tout en lançant un regard noir à Sil. C'était de sa faute tout ça... Je l'avais certes invitée, mais elle n'avait qu'à pas se déguiser après tout ! Oui, c'était de sa faute. Mon raisonnement était complètement idiot, mais vu l'heure et mes mésaventures, le lieu et les odeurs régnant dans la pièce, je ne pouvais pas raisonner plus intelligemment. Ah ! Et en plus, vu l'état de mon costume, je devrais m'en passer pendant deux ou trois jours... Or de question de porter des vêtements alcoolisés... Il me faudrait donc les laver dès que je serai de retour chez moi... Que de réjouissances en perspective ! Il ne fallait donc pas que je m'attarde... Cela m'embêtais un peu de laisser Sil s'en tirer à si bon compte -je n'avais pas obtenu toutes les informations que je désirais-, mais je ne pouvais faire autrement. En plus, vu le temps exécrable au dehors, je serai certainement trempé avant d'atteindre l'entrée des dédales...


« Groumpf... Je suis trempé, et je commence à être fatigué, je vais peut-être devoir vous laisser. »

Ma voix était neutre, de toute manière j'en avais marre d'être en colère, j'en avais marre d'être ici, et je n'aimais pas la pluie...

[HJ : merci FA, 4eme fois que je le poste u_u]
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Sil
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MessageSujet: Re: Taverne... Lieu où l'on fume, où l'on boit... Où l'on parle ? (PV Sil)   Taverne... Lieu où l'on fume, où l'on boit... Où l'on parle ? (PV Sil) Icon_minitimeDim 18 Oct - 18:39

[HJ : « Vraiment, était-elle comme cela à cause de l'alcool ou était-ce son état naturel ? » Etat naturel mdr XD]

À sa remarque peu intelligente, le Mosaraïa répondit avec un certain agacement que ses collègues risquaient surtout de s'étonner que le jeune scribe ne vieillisse pas. Sil haussa un sourcil. Elle avait trop bu pour réfléchir correctement, et songer que peut-être elle n’avait pas l’intention de se déguiser toute sa vie. Son esprit embrumé n’avait retenu que la dernière remarque du Mosaraïa et elle fit la moue. Eh bien elle, elle s’en fichait complètement qu’il se fiche qu’elle soit découverte, d’abord ! Et puis elle ne comprenait pas pourquoi il l’avait amené ici si le fait qu’elle boive le dérangeait autant. Quand on aimait pas les tavernes, on allait pas squatter ! Elle se renfrogna davantage en songeant que quand on ne supportait pas l’alcool, on n’en buvait pas non plus. Dans ce cas pourquoi avait-elle commandé un verre supplémentaire ? Non en fait… pourquoi avait-elle seulement songé à boire de la liqueur ? Elle aurait dû se contenter de son verre de bière, peut-être en le buvant peu plus lentement… *Moi quand je suis en colère, je bois et puis c’est tout !* s’exclama-t-elle intérieurement en considérant son verre de liqueur avec une moue gamine.
Elle commença alors à se balancer sur sa chaise, et ce qui devait arriver arriva : Elle rit tant qu'elle perdit l'équilibre et tomba en arrière. La surprise passée, elle éclata de rire devant sa maladresse. Elle se disait que d'un point de vue extérieur, cela avait sûrement dû être très drôle. Et lorsqu'elle se releva effectivement, elle vit qu'elle n'était pas la seule à rire. Elle s'excusa devant le Mosaraïa puis continua de sourire un peu bêtement à la scène qui venait de se dérouler. Ensuite, la serveuse apporta à l'apothicaire son verre d'eau. Sil l'écarta négligemment et attendit qu'il boive sa liqueur. Elle posa finalement une question qui lui trottait dans la tête depuis un moment. Elle savait qu'une dizaine de minutes plus tôt, cela avait eu une extrême importance. Mais son esprit n'était alors pas aussi embrumé qu'à présent. Elle se rappelait simplement qu'elle aurait aimé avoir la réponse, même si elle ne pouvait deviner pourquoi. Le Mosaraïa, qui était sur le point de boire, reposa le verre et s'exclama qu'il s'intéressait à ses clients. Eh bien ! Il ne perdait pas le nord, lui, même dans cette atmosphère enfumée. Sil sourit brièvement, mais se figea lorsqu'elle eut entendu la fin de sa phrase.

« Vous avez beaucoup de clientes qui se changent en hommes, vous ? » marmonna-t-elle sur un ton pas très convaincu.

Elle ne voyait pas trop l'intérêt. Pourquoi s'intéresser à elle ? Les femmes déguisées en homme ne devaient pas courir les rues, alors... À moins qu'il ait encore en tête de lui vendre un de ses produits. Hors de question ! Elle s'attendait à ce qu'il lui ressorte sa marchandise, mais sans qu’elle comprenne pourquoi il se mit à rire. Elle haussa les épaules pour elle-même, songeant qu’il avait peut-être fait une plaisanterie mosaraïa qu’elle n’avait pas comprise. Elle se contenta donc de le fixer d'un oeil amusé, attendant qu'il reprenne son verre. Peut-être en fait tenait-il seulement à changer le sujet de la conversation, à détourner son attention. Elle eut un sourire de requin qui signifiait clairement qu'elle n'avait pas oublié son verre, et qu'elle tenait à ce qu'il le finisse avant de quitter les lieux.

Il s'exécuta. Enfin, presque. Au moment où il portait le verre à sa bouche, il eut un éternuement énorme, à faire bondir un éléphant. Sil, sous le coup de la surprise, le regarda avec des yeux ronds. Pour un peu, elle aurait cru qu'il l'avait fait exprès ! Mais ses insultes et son air agacé n'étaient pas fictifs, elle en était certaine. Elle sourit, un peu bêtement, en considérant le verre explosé sur la table. La serveuse s’approcha afin d’épancher le liquide et de ramasser les bouts de verre brisés. Sil suivit la scène avec le vieil homme en se retenant d’éclater de rire. Décidément, ce Mosaraïa était très amusant ! Elle n’en avait jamais côtoyé auparavant, mais elle se demandait s’ils étaient tous aussi comiques lorsqu’on les lâchait dans une taverne… L’homme revint peu après et lui jeta un regard noir. Sil lui répondit en plissant les yeux.

« Quel gâchis », commenta-t-elle avec un petit sourire ironique.

Cette fois-ci, elle s'était retenu de rire, alors il aurait été trop facile de lui faire porter le chapeau. Elle croisa les bras et attendit sa réaction. Il semblait fâché d’avoir sali ses vêtements. Il lâcha un grommellement et déclara qu’il allait être temps pour lui de rentrer. Un large sourire fendit le visage de la jeune femme :


« Ah ! » s’exclama-t-elle. « Super, je vous suis. Vous êtes trop marrant. »

Bien que cela n’en ait pas l’air, il s’agissait d’un compliment. Elle fit signe à la serveuse afin de régler la note –enfin, sa part – et se leva. Lorsque la jeune femme arriva à leur table, Sil avait déjà sortie les quelques perles nécessaires à payer la bière et les deux verres de liqueurs. Elle les donna à la serveuse en la remerciant, puis se planta devant la chaise du Mosaraïa et lui attrapa le bras. Peut-être s’était-elle comportée un peu méchamment en riant de lui lorsqu’il s’était étouffé avec sa boisson, puis qu’il avait éternué et lâché son verre. Mais elle savait ce que cela faisait de perdre ses moyens à cause de l’alcool, et elle n’était pas lâche au point de le regarder s’escrimer à se lever seul encore une fois. Même si c’était très amusant.

« Allez, on y va ! » s’exclama-t-elle en tirant sur son bras.

Elle le dirigea négligemment vers la sortie et poussa le battant avec son pied.
« Je me suis rarement autant amusée quand j’étais une fille », commenta-t-elle en retenant un petit rire. Bien qu’elle ne se soit pas rendue compte de l’audace de ses paroles, elle les avait prononcées d’une voix relativement basse, et alors qu’elle était déjà à l’extérieur du bâtiment. La porte de la taverne se referma, et Sil lâcha le bras du Mosaraïa pour chercher Neptuun du regard. Ne l’apercevant pas, elle la siffla deux ou trois fois et scruta les alentours dans l’attente d’une réponse, les mains sur les hanches. Le temps s’était calmé, mais la pluie avait laissé de grandes flaques boueuses dans la rue et les toits gouttaient.

« Neptuun ! » appela Sil, un peu inquiète.

Si elle n’avait pas été sous le coup de la boisson, qui la rendait un peu amorphe, elle se serait précipitée dans la rue pour hurler le nom de sa chienne. Mais l’alcool ne l’empêchait pas de rester méfiante, et un sentiment d’appréhension l’étreignait. Sans prêter plus d’attention au Mosaraïa – après tout il devait être content de respirer un peu après avoir inhalé la fumée de la taverne – elle fit quelques pas dans la rue, scrutant le moindre mouvement. Mais il faisait nuit et les nuages cachaient le ciel. Soudain, un petit jappement dans son dos la fit se retourner. Neptuun apparut en trottinant. Lorsqu’elle s’approcha de Sil, cette dernière vit qu’elle était pleine de terre – elle s’était probablement roulée dans la boue – et sale jusqu’au museau, mais elle n’avait rien. La jeune femme, soulagée, prit son museau entre ses bras et l’embrassa entre les deux yeux.
« Ah, qu’est-ce que je ferais sans toi ? » murmura-t-elle en la grattant affectueusement derrière les oreilles.

La queue de la chienne se balança avec plus d’ardeur. Malgré sa taille et son air imposant, elle était plus un chien de salon que de garde. Sil se redressa finalement et se tourna vers le Mosaraïa.

« Vous savez, comme c’est vous qui m’avez proposé de venir, je pensais que vous teniez un peu mieux l’alcool », commenta-t-elle. « Mais… » Elle jeta un coup d’œil autour d’elle et reprit, comme si elle venait de se souvenir de la situation : « ... j'espère que vous étiez sincère lorsque vous avez promis de ne rien dire. Je suis très rancunière. »

Dit comme cela, alors qu’elle avait visiblement plus d’alcool que de sang dans les veines, la menace ne paraissait pas sérieuse. Malgré tout, c’était vrai, et Sil se connaissait assez pour savoir qu’elle pouvait réagir comme une vraie gamine parfois. Une chose qui l'exaspérait, mais qu'elle avait encore beaucoup de mal à contrôler.

« Bon… » Elle croisa les bras et regarda autour d’elle. La rue était vide, et au vu de l’heure ce n’était pas étonnant. « … de quel côté logez-vous ? » demanda-t-elle.

Elle songeait plutôt aux Bas-Quartiers, qui ne manquaient pas d’auberges. Mais peut-être avait-il trouvé une chambre dans les HautsQuartiers ? Elle ignorait s'il était fortuné ou pas. Un marchand ambulant n'est pas forcément sans le sou ; il n'y a qu'à voir les produits qu'il vend. Celui qui se tenait face à Sil avait l'air habitué à côtoyer la population plus élevée de la ville, de part sa façon de parler en tout cas. Elle attendit sa réponse tout en réfléchissant au chemin qu'elle prendrait pour rentrer. Les rues n'étaient sûres à aucune heure de la journée ou de la nuit, de toute manière, alors peu importait. De toute façon la présence de sa chienne blanche dissuadait plus d'un bandit. Parfois, Sil était contente qu'ils croient à une malédiction s'ils l'approchaient.
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