An 1 à 5 ; « Les Grandes Réformes »
De ces années, peu d’écrits ont perdurés. Tout ce que l’on sait, c’est que dès les premiers instants de son règne, l’Etranger doubla les impôts existants et en ajouta de nouveaux. Les marchands, mécontents, ne cessaient de crier leur désaccord, et les paysans devaient donner en impôts presque la totalité du grain destiné à leur subsistance, si bien que rapidement ils durent nourrir leur famille avec le grain réservé aux semailles. Comme il est impossible de récolter plus en semant moins, l’an trois fut le théâtre de la première famine. Accusant les paysans de ne pas assez bien tenir leurs champs, le roi ordonna à certains de ses fidèles de reprendre les exploitations des fermiers. Ainsi, les fermes étaient dirigés par ses sbires, les fermiers travaillant pour ses derniers, touchant un salaire misérable. Aujourd’hui, la situation n’a pas bougée.

Dans la foulée, il réhabilita le marché d’esclaves, donnant ainsi la possibilité à ses fidèles de pouvoir s’enrichir sans dépenser le moindre or. L’esclavage avait été abolit une trentaine d’années plus tôt par le précédant roi, Êraad IV qui était jadis connu pour son courage et son dévouement envers son peuple. Après la colère des marchands et des fermiers, le roi dû affronter la colère des marins et des pêcheurs, qui se refusait à posséder des esclaves dans leurs activités. Le roi méprisa leurs revendications, et rétablit coup sur coup la torture publique, ainsi que la peine de mort par la torture.
Le peuple, scandalisé, se rendit jusqu’aux pieds du château crier ses revendications. C’était au début de l’été de l’an 5 …

An 5 ; « L’été meurtrier »
Un livre fut écrit sur cet été, ‘La damnation des traîtres’, et distribué partout, tant dans les BasQuartiers que dans les HautsQuartiers… Les événements qui y sont relatés doivent être connus de tous, afin que chacun sache ce qu’il en coûte de défier l’autorité. Alors que des centaines de citadins criaient leur mécontentement aux pieds de ses remparts, le souverain fit sortir son armée avec, pour ordre, de faire le plus de prisonniers possible. Plus de deux cents malheureux ainsi furent capturés, et, dix jours plus tard, la population fut conviée sur une place surplombant le précipice. Aujourd’hui elle est connue sous le nom, de « Place des torturés », car, comme l’indique son nom, c’est ici que furent conduit les prisonniers pour y être châtiés. Devant la population horrifiée, chacun d’eux fut méticuleusement torturé, bien que nul ne doutât qu’ils l’avaient déjà été au fil des dix jours précédents. Tous ne mourraient pas à la même vitesse, et chaque fois qu’un ‘traître’ rendait l’âme, son corps était envoyé au fond du gouffre, grâce à de petites catapultes disposées çà et là. Les premiers corps allèrent s’écraser une centaine de mètres plus bas, mais les suivants étaient attrapés au vol par une multitude d’oiseau de proie. Si l’un des spectateurs s’avisait de se détourner du spectacle, il était envoyé parmi les torturés pour subir le même sort. Ainsi, pendant tout le jour et une partie de la nuit, ce fut plus d’un millier d’âmes qui assistèrent à la souffrance et aux appels muets de leurs voisins, amis, familles … Après cet été là, plus personne n’osa plus s’opposer au monarque.

« La naissance de l’Eternité »
C’est ainsi que le peuple nomme couramment la naissance des Triplettes. Tout simplement car, une fois qu’elles eurent grandi, et que leur père ait volé le corps de l’une d’elle, chacun comprit que cet homme les gouvernerait à jamais.

An 5 à 20 ; « Les années sombres »
De cette période aucun écrit n’a survécu, peut être tout simplement car il n’y en eu pas ? On peut juste supposer qu’après l’horreur de l’été 5, les gens courbaient la tête et se contentait de rester insensibles à toutes les horreurs que le roi faisait subir à la population.

An 20 ; « Le premier transfert »
C’est à cette date là, à l’occasion du quinzième anniversaire de ses filles, que le roi, pour la première fois, vola le corps de l’une d’elle pour se l’approprier, et tua les autres. Cet événement est perçu pour beaucoup comme la ‘défaite suprême’ du peuple.

An 22 ; « Le calendrier royal »
Autrement appelé Calendrier Moderne, ce calendrier compte les années à partir du début du règne de l’Etranger. Les mois sont comptés selon les cycles lunaires, le premier et le dernier jour d’un mois étant celui de la pleine lune. (Ainsi, la pleine lune symbolise deux jours à elle seule, celui du mois expirant et celui du mois naissant)

Années 29 à 34 ; « La peste crapalienne (ou peste verte) »
De nombreux crapauds remontaient la rivière en ces années là, et nul n’y vit une menace. Hélas ! Il s’agissait d’une espèce rare, nommée ‘pustuleuse’ car, lorsque l’on touchait un tel crapal, on se couvrait peu à peu de pustules vertes et malodorantes, et il n’existait aucun remède. Les crapauds pustuleux se reproduisent à une vitesse impressionnante, ce qui en fait de redoutables ennemis. Lorsque le roi décida enfin d’exterminer chaque crapal se trouvant dans la BasseVille, il était déjà beaucoup trop tard ! En effet, une personne infectée contamine son entourage ; ainsi en moins d’un mois, la quasi-totalité des BasQuartiers était atteinte, et ces derniers furent mis en quarantaine… Tous les habitants, malades ou non ne pouvaient plus en sortir, et personne ne pouvait y aller. Le commerce fluvial ainsi que la pêche furent arrêtés, et l’on attendit. Parfois, quelqu’un était envoyé pour vérifier s’il restait encore des survivants, et quatre ans plus tard tous les Bas-gens avaient succombé à cette peste crapalienne. Avec maintes précautions, les corps furent incinérés ainsi que toutes leurs possessions et la plupart des maisons.

La reconstruction et la repopulation des BasQuartiers prirent beaucoup de temps, occupant la majeure partie des années 35 à 41, car personne ne voulait y travailler et encore moins y habiter.

An 49 ; « Le second transfert »
Cette fois encore, le roi fit trois enfants. Lorsque le premier arriva à l’âge de quinze ans, il estima qu’il n’était pas à son goût, aussi il ne prit pas son corps. Le second, lui, fut emporté par un rhum allergique, il attendit donc les quinze ans du dernier pour transférer son esprit dans cette jeune enveloppe charnelle.

An 55 à 62 ; Construction de la prison royale
Durant ces années fut construite une immense prison, prenant à elle seule un îlot complet. Sa construction dura sept longues années, car monter suffisamment de pierres pour la bâtir s’avéra plus ardu que prévu, en raison de nombreux effondrements de ponts ainsi qu’un affaissement de terrain sur l’îlot choisi. Cette prison accueille aujourd’hui toutes les personnes accusées de tel ou tel crime, et la plupart sont condamnés, sans véritable procès, à des travaux d’intérêt, pour des durées plus ou moins longues. Les traîtres, accusés de trahison, non pas le droit à séjourner dans cette prison et sont torturés à mort sur la Place des Torturés.

An 74 ; « Le troisième transfert »
Cette fois là, le roi n’avait qu’un fils, il n’eut donc pas trop le choix quant au corps à prendre. La cérémonie se passa en plein hiver, et eut donc lieu à l’intérieur et non pas à l’extérieur du château. Plusieurs vols furent perpétrés lors de cette cérémonie, et ce fut la dernière fois que le peuple pu pénétrer à l’intérieur du palais.

Période entre l’an 80 et l’an 90 ; « Une cité imprenable »
Bien que le roi soit malfaisant et sadique, cela ne l’empêche pas d’être un excellent stratège, et cela empêcha à sa cité, de tomber entre d’autres mains. Lors du troisième mois de l’an 80, une armée gigantesque fut aperçue non loin de la cité et, très rapidement, elle fut sur elle. Néanmoins, le souverain avait eu le temps de préparer quelques lignes de défense. La première enceinte teint plus d’une semaine avant de tomber, ce qui avait laissé le temps aux habitants de la Falaise de se réfugier, avec le maximum de vivres, au cœur même de la cité. Lorsque les premiers remparts tombèrent, les ponts du Gouffre furent détruits, c’est ainsi que commença le siège. L’armée adverse, bien trop grande pour qu’une sortie soit possible, occupait le côté ouest de la cité. Ainsi le vivres transitaient par le côté est ainsi que par le fleuve.
Le siège dura un mois, durant lequel des éclaireurs repérèrent un pont, en aval, qui avait certainement permis à une partie de l’armée de passer, pour prendre en tenailles la ville. Le roi ne se laissa pas faire et envoya une équipe composée de magiciens et de soldats expérimentés pour piéger le terrain et ainsi retarder l’armée.
Pendant ce temps là, la Forêt Enrochée fut quasiment réduite à néant, afin de construire le plus de machines de guerre -surtout des balistes- possible. Le siège durait depuis environ cinq mois.

Les neuf années qui suivirent ne furent qu’escarmouches, raids, souffrance et doutes… Les ressources de Fort de Fleuve se tarissaient et la population croulait sous tant d’impôt qu’elle ne pouvait plus assurer sa propre subsistance. Pourtant l’Etranger ne voulu pas céder malgré les demandes de ses conseillers, et, un matin, on observa l’armée adverse faire ses paquetages et lever le camp. Plus tard on apprit que leur contrée avait été envahie par des Bubars chauves et que le prince avait rappelé l’armée pour sauver ce qui pouvait encore l’être.

Le roi récompensa les « héros » de cette première guerre par des terres, des objets magiques, des esclaves…
On se rappellera longtemps des actions d’Ohrik le Sanglant, qui tua de sa hache quatre grands généraux adverses en combats singuliers et particulièrement sanglants (d’où son nom). Gharanda le Sage reçu des mains du roi une série de grimoire de grande valeur, pour le remercier d’avoir mis à la disposition de la cité ses talents pour la magie.
‘L’Invertébré’ eut droit à quelques d’objets magiques pour le remercier de s’être introduit dans un des camps ennemis afin de dérober la panoplie d’objets que possédait le général.
La division douze-gauche, sous les ordres de la commandante Maelhany de Terredure fut félicitée pour sa bravoure et eut droit à des armoiries personnelles ainsi qu’à une caserne. Aujourd’hui cette division accueille l’élite des soldats et leur blason représente une luciole se battant contre les ténèbres.
Et afin que chacun se souvienne des ‘morts pour le peuple’, un obélisque fut construit sur le versant sud de l’îlot principal et chacun peut aller honorer la mémoire des morts.

Le peuple avait repris confiance en son souverain, bien que chacun gardât à l’esprit les atrocités qu’il leur avait fait subir jusqu’à ce jour…

An 103 ; « Le quatrième transfert »
La première épouse du roi mourut en mettant au monde son bébé, qui ne survécut pas plus d’une semaine. Fou de rage, il refusa d’incinérer le corps de sa femme et le jeta au Gouffre. Il fut dévoré dans les minutes suivantes par une multitude de charognards… Cet acte souleva une vague de protestation parmi les habitants, et bien que certains furent torturés à mort, les autres survécurent et se regroupèrent, formant ainsi un infime pôle de rébellion qui n’attendait que le moment opportun pour se faire connaître. Leurs fils et filles nourrissent la même aversion profonde du pouvoir que leurs parents. Le groupe se nommait, et se nomme encore aujourd’hui, « La Nécrose Royale », car, comme se plaisent à dire ses membres, ils symbolisent en quelques sortes un membre infesté, que le gouvernement cherche à amputer.

Le souverain prit donc une seconde femme, qui lui donna deux enfants. Il s’accapara le corps du premier, et tua l’autre en même temps que son épouse…

An 109 ;
Des informations sur La Nécrose parvenaient parfois à l’oreille du souverain, qui ne parvenait pas à la débusquer. S’ennuyant un peu dans son château, il décida de créer une animation qui amènerait beaucoup de monde, espérant ainsi faire sortir de leurs trous les membres récalcitrants. Pour que cette « animation » lui soit utile, cette dernière allait être une sorte de tournoi, où chacun pourrait participer. Mettant en récompense des places dans sa garde rapprochée, ainsi que plusieurs objets magiques, il espérait ainsi que des membres (se faisant appeler les « Nécroseurs ») de La Nécrose se présenteraient afin de récupérer des objets magiques. Ce qu’il ne sut pas, c’est que les rares nécroseurs à s’être présentés furent éliminés dès les premières manches. Même si son idée échoua, sa garde personnelle connu sept nouvelles recrues de bonne qualité. Le vainqueur du tournoi hérita du ‘Gantelet du golem’.
Le tournoi ayant permit de surveiller la population, et aussi de l’apaiser, ainsi que de lui procurer des gardes de qualité, il décida d’en réorganiser un, lorsque sa garde personnelle se ferait vieille.

An 112 ;
En ce début d’année 112, la cité dût faire face à une seconde invasion. Des chevaucheurs de taupes prenaient d’assaut la ville, mais par les dédales. Les soldats n’avaient pas pour habitude de combattre sous terre, et la seule solution que l’armée trouva pour enrailler l’invasion fut d’écrouler une bonne partie des tunnels et de condamner le reste. Ainsi de nombreuses habitations, boutiques, entrepôts et cachettes furent détruits, ce qui représentait à l’époque environ la moitié de la surface des Dédales. Ceci entraîna une vague de réfugiés vers les Bas et les HautsQuartiers, et cela mécontenta fortement les habitants de ces lieux. La criminalité augmenta fortement, et le roi refit usage de ses techniques de dissuasion pour calmer tout cela.

Entre les années 115 et 120, on creusa de nouveaux tunnels, dégagea d’anciennes galeries, et réhabilita la plupart des grottes qui se repeuplèrent rapidement. Mais pour éviter tout risque d’invasion, les murs des tunnels, galeries et grottes à la frontière de la ville furent renforcées de pierre et plusieurs gemmes y furent incrustée, leur conférant plus de résistance.

An 127 ; « La Nuit de la Désolation, et Mort de l’Héritier »
Lors de l’hiver 126, une terrible tempête frappa Fort de Fleuve. Des trombes d’eau s’abattaient sur la ville, et la plupart des soldats furent envoyés en aide aux ouvriers afin qu’ils consolident les ponts, les bâtiments et les rues de la HauteVille. Le vent n’aidait en rien, et bientôt le château fut aussi démuni de garde qu’un chauve de cheveux. La Nécrose Royale choisit ce moment pour frapper. Ce fut la première, mais aussi la plus spectaculaire de ses actions. Un groupe de dix citadins se rendit au château. Trois d’entre eux parvinrent à y pénétrer, les autres furent tués ou poursuivis à travers la ville. Deux seulement arrivèrent jusqu’aux quartiers princiers où ils assassinèrent le fils de l’Etranger. Aucun ne pu ressortir vivant, malheureusement, et les familles des dix criminels furent torturées pendant plusieurs jours, pour dissuader tout autre comportement de la sorte.
La tempête avait fait bon nombre de dégâts et de morts, surtout dans les Dédales. La reconstruction prit du temps, et la population eut à subir la fureur du roi. On compte environ quatre mille morts cette année là, dont un bon tiers moururent sous ordre du roi, accusé de haute trahison ou de soutien à La Nécrose Royale. Le peuple devint hostile envers ce groupe qui dû se retrancher plus loin dans les dédales. On pense qu’il ne reste qu’une quinzaine de membres encore vivants.

An 134 ; « La Naissance d’Ode et Arod »
Après l'hiver 127, le roi avait choisit tour à tour deux autres épouses. Elles s’étaient révélées stériles, l’une après l’autre. Il les avait enfermées dans des cages suspendues au dessus du gouffre, laissées en pâture aux oiseaux de proie qui les dépecèrent lentement… La troisième femme fut la bonne, et elle donna naissance à Ode et Arod, deux jumeaux, qui seront peut être connus dans des décennies pour avoir aidé à renverser L’Etranger.
Il est bon de souligner qu’en l’an 134, à cause de la mort de son fils, le roi avait 46 ans.

An 141 ; « Les premiers ‘monte-falaise’ »
Ce projet, imaginé par le roi, fut enfin mis au point au milieu de l’an 141. Un ‘monte-falaise’ est un espèce de cocon léger à l’intérieur duquel plusieurs personnes peuvent prendre place, afin de rejoindre rapidement plusieurs lieux de la ville. Les monte-falaise avancent dans le vide grâce à un réseaux de câbles qui relit chacun des lieux importants entre eux. On doit la mise au point de cette invention au très célèbre Julia Vifesprit, qui imagina aussi la manière dont les monte-falaise avanceraient ; les condamnés aux travaux d’intérêts se relaieraient à l’avant de ces cocons et, via un système de rouages complexe, les feraient avancer à la force de leurs bras.


Nous sommes au début de l’an 150.