L'ère de la Rébellion
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 [Achevé]Quelque part, non loin des murs...

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Johian de Morestel
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Johian de Morestel

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MessageSujet: [Achevé]Quelque part, non loin des murs...   [Achevé]Quelque part, non loin des murs... Icon_minitimeMar 1 Sep - 12:03

{Le personnage joué ici est Arcel}

Une goutte s'écrasa au sol. Elle était tombée du nez d'un homme, un homme sale, vêtu de loques. Le regard vide, perdu dans la contemplation des pavés, il ne bougeait pas. Aussi immobile qu'une statue, il semblait fasciné pas ce qu'il voyait, bien que seul le sol se trouvait là. Dans le jour naissant, il parut se réveiller, comme sorti d'un songe étrange, et il reprit sa marche. Savait-il où elle le menait ? C'était improbable, mais, docile, il laissait ses jambes le porter où bon leur semblait.

Le temps s'écoula, d'abord en minutes, bien vite en heures... Et l'homme marchait, ne sentant pas la fatigue qui alourdissait ses pas. Que faisait-il là ? Il ne savait pas, il ne savait plus... Ah, si... Il cherchait en vain sa mémoire perdue, mais cela n'avait plus guère d'importance maintenant ; il avait faim... Et soif. Surtout soif. Une femme le frôla et, dans un réflexe aussi étonnant qu'inquiétant, il lui saisit le poignet et la tira à lui. La femme ne cria pas, se contentant de l'observer avec un dégoût profond.


« Soif... » dit-il tout bas, puis plus fort : « N'ai soif. »

Il s'étrangla avec ses mots, une bile amère et transparente s'échappa de ses lèvres. Il s'essuya la bouche d'un revers de manche négligeant, tout en lâchant le bras de la femme, qui partit sans s'attarder. Et il reprit sa marche, inlassablement.

Bientôt, les ombres s'allongèrent. Arcel regarda le ciel, constatant que le jour déclinait. Une journée était passée, déjà ! Et il avait toujours faim, et soif... Surtout soif. Instinctivement, il se dirigea vers une taverne. Il ne prit pas la peine de regarder son nom ; cela n'avait guère d'intérêt à ses yeux. Lorsqu'il ouvrit la porte, la salle se tut. Cela ne l'arrêta pas, il ne parut même pas le remarquer. Il se traîna lamentablement jusqu'au comptoir où il exigea une bière. Le tavernier fit appeler les gardes aussitôt, sans même un regard pour le mendiant. Sans prêter oreille aux protestations bruyantes de l'ivrogne, les soldats l'emmenèrent, le trainant à terre et lui donnant quelques coups de pieds pour le calmer. Mais loin d'avoir l'effet escompté, les coups semblèrent lui redonner la force, et il se débattit avec plus de vigueur. Arcel entendit un bruit sourd, et tout devint noir.

Le monde tanguait. Pourtant il n'avait pas pris le bateau... Enfin il lui semblait... Une vive douleur sembla lui traverser la tête, mais il n'y prit pas garde. Aussitôt après qu'elle soit partie, elle revint, et, cette fois-ci, Arcel tenta d'en comprendre l'origine. Lentement, il prit conscience d'être sans connaissance, et se força à ouvrir les yeux. Deux gardes le portaient, sans aucune douceur, à travers la HauteVille. Que faisait-il ici ? Il n'en avait pas la moindre idée. Lorsqu'il vit apparaître devant lui les murs du château royal, il pâlit. Quelques minutes plus tard, les soldats le jetèrent violemment à terre, aux pieds d'un homme.


Dernière édition par Johian de Morestel le Sam 5 Sep - 8:38, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: [Achevé]Quelque part, non loin des murs...   [Achevé]Quelque part, non loin des murs... Icon_minitimeMar 1 Sep - 12:39

[HJ : Je joue Feryort]

Cette journée avait débuté comme les autres. Feryort s'était levé, avait relevé ses gardes, en avait placés d'autres, avait pris son tour, puis son déjeuner, avant de reprendre son tour de garde, et ainsi de suite. Cette journée avait débuté comme les autres, et promettait de finir comme les autres. Elle était longue, monotone et sans réel intérêt. Normale, quoi.
Vers la fin de l'après-midi, il scruta le ciel. Plus que quelques heures, et sa journée était finie. D'autres soldats prendraient la relève pour la nuit. Et le lendemain, tout recommencerait. Feryort soupira. Il s'ennuyait, certes, mais il ne pouvait guère s'en montrer surpris ; après tout qui serait assez fou pour défier l'autorité et venir jusque ici ? C'était à se demander à quoi il servait. Personne ne s'aventurait jamais jusqu'au château. Il n'y avait aucune raison de monter la garde. Le roi inspirait assez de crainte pour tenir tous les habitants en respect.

Sauf peut-être...

Feryort s'apprêtait à rejoindre la salle des gardes, quand un de ses soldats le héla. Le jeune homme s'arrêta net, tandis qu'une impression étrange s'emparait de lui. Un mélange entre de l'impatience - ce qu'il avait attendu toute la journée, et toutes les journées précédentes se profilait peut-être à l'horizon - et de l'agacement - parce que cette fichue chose attendait qu'il ait presque terminé son service pour se manifester. Enfin, toujours est-il qu'il se devait de faire son devoir, surtout si cela pouvait mettre un peu d'animation dans sa vie. C'était pathétique, mais c'était ainsi.

Feryort se retourna lentement, un air patient sur le visage. Pendant ce temps, le soldat qui l'avait interpellé venait de le rejoindre.

"Que se passe-t-il ?"

Le soldat lui répondit par une mimique à mi-chemin entre la grimace et le sourire. Feryort sut presque avec certitude de quoi il s'agissait.

"Mouais. Amenez-moi ça."

Feryort connaissait assez ses hommes pour ne pas avoir à leur poser mille et une questions, ce qui les arrangeaient tous, lui y compris. Le demi-sourire que lui avait adressé son soldat, c'était celui qu'il faisait lorsqu'il y avait un problème, et que le problème en question s'avérait être un indésirable. Et quelques minutes plus tard en effet, deux soldats passèrent les portes avec entre les bras un tas de chiffon composé de bras et de jambes, et peut-être d'un visage, caché par une brousaille de cheveux entremmêlés et grisonnants. Feryort croisa les bras et afficha un air circonspect - une mimique facilitée par l'odeur désagréable qu'il sentait. Il fit signe à ses hommes, et ces derniers jetèrent "L'indésirable" à ses pieds. Pendant quelques instants, Feryort ne fit pas un geste, se contentant de pencher légèrement la tête sur le côté en considérant l'homme. Finalement il s'adressa à ses soldats sans le quitter des yeux.

"Où l'avez-vous trouvé ?"

"En bas."

"Qu'est-ce qu'il a fait ?"

"Du grabuge. À l'entrée d'une traverne."

"A-t-il parlé ?"

"Non."

Feryort posait des questions simples, et il attendait des réponses simples de ses soldats. Tout le monde savait cela. Avec "l'indésirable" cependant, cela pouvait s'avérer plus compliqué. Feryort le poussa du bout de sa botte pour le secouer.

"Qui es-tu ?" demanda-t-il, sourcils froncés.

Autant commencer par les questions les plus simples. L'un des soldats dû croire que son supérieur s'adressait à lui, car il répliqua avec dégoût :

"Pff, ce vieil ivrogne ? Un mendiant, un moins-que-rien."

Feryort lui lança un regard noir, et l'homme se tut. Il considéra encore quelques instants le vieillard à ses pieds et reprit, sur un ton ferme :

"Sais-tu pourquoi tu es ici ?"

Il décida de lui accorder un temps de réponse.
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Johian de Morestel
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MessageSujet: Re: [Achevé]Quelque part, non loin des murs...   [Achevé]Quelque part, non loin des murs... Icon_minitimeMar 1 Sep - 16:44

La tête dans une botte, Arcel s'efforçait de comprendre l'agitation autour de lui. Il commençait déjà à oublier pourquoi il était ici, et, c'est après un gros effort de volonté qu'il se souvint de la taverne, puis des soldats. Que sa tête lui faisait mal... Il se massa l'arrière du crane, avant de se rendre compte qu'il était toujours le nez sur une botte de cuir renforcé. Il releva la tête, et écouta la conversation de ses gardiens. Qu'ils parlaient trop fort ! Et trop vite ! Arcel abandonna, et se perdit dans la contemplation de la botte qui se trouvait devant lui. Toujours à moitié allongé par terre, il appréciait son odeur de cuir frais, ainsi que sa forme. « Elle doit faire mal, lorqu'elle botte le derrière. », pensa-t-il. Puis, comme toutes ses pensées, celle-ci s'envola, laissant sa tête aussi vide que la choppe de bière d'un ivrogne.

Soudain, la botte le poussa sur le côté, et il s'étala dans une position plus lamentable encore que la précédente. Il essaya tant bien que mal de se redresser, mais sa tête protesta vivement, aussi estima-t-il préférable de se rallonger. Une voix grave lui parvint, bien qu'il ne put, dans un premier temps, être certain qu'elle s'adressait à lui. Puis, lentement, tandis qu'aucune autre voix ne lui faisait écho, il se mit en position assise, et observa ce qui était au dessus de la botte. Il fut presque étonné de voir un homme dedans... Un homme grand, puissant, les cheveux noirs et les yeux gris. Un homme qui inspirait la puissance et le respect... Tout le contraire de lui, en somme... Décidant que la voix s'était bien adressée à lui, Arcel entreprit de lui répondre :


« Pardiiiiiiuon ? »

Sa voix éraillée partit tout d'abord dans les aigus, pour finir dans un gargouillis incompréhensible. Malgré sa confusion mentale, le mendiant se rendit compte que ce qu'il avait prononcé ne voulait rien dire. Rassemblant ses forces, il parvint à répéter, non sans une quinte de toux :

« Ruuhmm... Pardon ? »

Il ne reconnut pas sa voix, tant cette dernière était grave et gutturale. Il n'aurait pas été étonné si on lui avait dit qu'il avait la voix d'une pierre. « C'est parce que je n'ai rien bu. » se dit-il et, bien que sachant pertinemment que c'était faux, il se raccrocha à cette idée. Tout allait bien, sa vie était normale, il n'était pas malade, ni fou, ni amnésique, non, il avait juste faim. Et soif... Surtout soif. Sans qu'il n'y puisse rien faire, une quinte de toux s'empara de lui et, pendant ce qui lui sembla être une éternité, il ne put la calmer. Lorsqu'enfin elle s'arrêta, la main dont il s'était servi pour se couvrir la bouche, était couverte de sang. Depuis combien de temps n'avait-il pas bu ? Ne serait-ce qu'une gorgée ? Un, deux, ou bien trois jours ? Il ne savait pas, il ne savait plus.

« A... A boire... »

Chaque mot était comme un coup de pioche dans sa gorge, cherchant à la lui arracher. Arcel était au bord de l'évanouissement, et chaque respiration lui coutait plus qu'il ne voulait se l'admettre.
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Sil
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MessageSujet: Re: [Achevé]Quelque part, non loin des murs...   [Achevé]Quelque part, non loin des murs... Icon_minitimeMar 1 Sep - 22:25

La première réponse de l'homme n'était pas vraiment ce qu'il espérait, mais on peut dire qu'il s'y attendait. Ce n'était pas la première fois qu'il avait affaire à des cas similaires, surtout lorsqu'il patrouillait en ville. Depuis qu'il était à la tête de ses hommes il n'avait eu que peu d'occasion de voir ce genre de spectacle. Le vieil homme à ses pieds était réellement en piteux état. Bien que le reconnaître ne lui plaisait pas, Feryort savait que le soldat qui avait parlé avait raison ; c'était un mendiant, un moins-que-rien. Un ivrogne. L'alcool suintait par tous les pores de sa peau. Son regard même parlait pour lui. Feryort était professionnel, et il ne grimaça pas. Mais il se disait que ce type était le genre de rebus de la société dont on ne remarquerait même pas la disparition.
Pendant qu'il se faisait ces réflexions, le vieil ivrogne reprit la parole, de façon compréhensible cette fois-ci. Bien que ses hommes se montrèrent un tantinet impatients suite à cette réponse, Feryort ne laissa rien transparaître :


"Je t'ai demandé, vieillard, si tu savais pourquoi tu étais ici", répéta-t-il lentement, détachant chaque syllabe afin qu'il comprenne.

Ce n'était pas une moquerie, pourtant les soldats à ses côtés ricanèrent. Feryort les ignora. Il concentra son attention sur l'homme, guettant une réaction de sa part. Alors il se mit à tousser, très fort, d'une toux rauque et difficile. Les soldats qui entouraient Feryort, au nombre de trois, s'entre-regardèrent d'un air circonspect. Leur chef continuait de scruter attentivement le vieillard, et il vit le sang qui maculait sa main lorsque ce dernier la retira de devant sa bouche. Il dû faire un effort pour ne pas grimacer, mais certains de ses hommes n'eurent pas cette délicatesse. L'un d'eux cracha par terre, tandis que l'ivrogne demandait à boire. Feryort prit cela pour une réponse.


"Apparemment, tu le sais", dit-il sur un ton dur.

Il fit signe à deux de ses hommes de le relever, ce qu'ils firent avec très peu de délicatesse. Une fois que le vieux mendiant fut à peu près sur pieds - ils devaient le soutenir fermement - Feryort se baissa afin que son visage soit à son niveau et planta ses yeux gris et froids comme le métal dans les siens. Il fut presque surpris de lui voir un regard bleu. Mais ce regard était tellement terni qu'il lui donna l'impression de regarder une glace.

"Donne-moi une seule bonne raison de ne pas te jeter aux cachots", articula-t-il, parfaitement impassible comme à son habitude.

Ce n'était qu'une question pour la forme. En réalité, il n'attendait pas de réponse. Les ordres étaient clairs ; tous ceux qui se dressaient contre le roi - et s'opposer à la paix relative de la cité et aux représentants de l'ordre revenait au même - devaient servir d'exemple.
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MessageSujet: Re: [Achevé]Quelque part, non loin des murs...   [Achevé]Quelque part, non loin des murs... Icon_minitimeMer 2 Sep - 12:44

Il avait demandé à boire, il ne l'avait pas eu. Aussi avait-il toujours soif... Mais peu lui importait en vérité, il se sentait vide, à bout de force. Il aurait voulu s'allonger et dormir. Puis, des mains rudes le saisirent par les bras et le mirent debout. Il ne protesta pas... Cela ne servirait de toute manière à rien, n'est ce pas ? Ces gens là n'appréciaient guère les ivrognes en son genre, comme beaucoup de monde... Mais aujourd'hui il n'était pas saoul, non. Juste épuisé. Conscient que souligner ce détail n'apporterait rien, il le tut, et se contenta de regarder fixement le soldat. Il se laissa par ailleurs aller dans les bras des gardes ; s'ils l'avaient mis debout, et bien qu'ils le soutiennent ! Il ne comptait pas gaspiller inutilement la force qui lui restait et qui lui ferait bien vite défaut.

Soudain, un soldat, qui paraissait être le chef, se campa devant lui en plongeant ses yeux dans ceux du vieillard. Ce dernier soutint le regard gris sans ciller... A vrai dire, il ne le voyait pas précisément, mais de manière floue et lointaine. La tête lui tourna soudain, et il dû concentrer toute son attention pour saisir le sens des paroles que l'homme prononça. Ainsi, il allait être jeté aux cachots. Cela ne l'étonnait pas, et il savait qu'ils ne pourraient le tenir prisonnier indéfiniment. Malgré tout, une ombre de peur voila ses yeux bleus ; aux cachots, la température était bien trop froide, et les rations de vivres bien trop maigres pour qu'il puisse survivre. Dans son état d'épuisement, le jeter aux cachots équivalait à l'envoyer à la mort. Mais pas un instant il ne doutât que ses gardes se moquassent éperdument de son sort.

C'est donc avec un nouveau regard qu'il observa la vie. Sa vie, celle qu'il menait depuis des années, mais aussi celle d'avant, celle dont il ne se souvenait plus. Et dont il ne se souviendrait sans doute jamais. Il allait mourir, mettant un terme à une longue vie de débauche. Soudain, une image lui traversa l'esprit, une image saine, pleine de joie. Une ferme, des animaux, le vent, des enfants qui se courent après … Aussi vite qu'elle était arrivée, l'image s'estompa et, sans raison apparente, Arcel éclata de rire. Un rire fou, mais bien réel. Il riait de toute les joies dont il ne se souvenait pas, de toutes les peines qu'il avait subies, il riait pour toutes les fois où il n'avait pas pu. Ce rire avait quelque chose d'inquiétant, mais de tellement vrai. Puis il se calma, renifla plusieurs fois, et daigna enfin répondre à la question qui lui avait été adressée :


« Une bonne raison ? Mais il n'y en a aucune voyons, vous le savez aussi bien que moi ; vous allez me jeter au cachot et m'oublier, comme tous les autres. Pendant ce temps, moi, je vais mourir, et il faudra que quelqu'un sorte mon cadavre de la cellule. »

Il adressa un grand sourire au soldat. Une nouvelle lueur brillait dans ses yeux, mais s'agissait-il de la folie ? Ou bien l'approche de la mort lui paraissait véritablement cocasse ?
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MessageSujet: Re: [Achevé]Quelque part, non loin des murs...   [Achevé]Quelque part, non loin des murs... Icon_minitimeJeu 3 Sep - 14:46

Feryort regardait attentivement le vieil homme, afin d'apercevoir un changement quelconque, dans son regard, sa posture ou son expression, qui lui signifierait qu'il l'avait fait réagir, ou du moins qu'il l'avait entendu. Au vu de l'état quasiment amorphe de l'homme, Feryort ne s'attendait pas à ce qu'il danse la gigue ou quoi que ce soit du même genre. C'est pourquoi son brusque éclat de rire le surpris. Mais plus encore, ce fut le ton de ce rire. Ce n'était pas un rire amusé, encore moins moqueur. Feryort eut du mal à saisir sa signification. Il resta silencieux tout du long, se contentant de froncer les sourcils. S'il n'avait pas été persuadé que ce rire n'avait rien de moqueur, il aurait pu lui couper l'envie de recommencer. Au sens propre.

Fort heureusement, le vieil ivrogne finit par s'arrêter. Ce rire avait quelque chose d'inquiétant, d'ailleurs ses hommes étaient passablement mal à l'aise. "Tais-toi !" avait grogné l'un d'eux. Contre toute attente, l'homme répondit à la question de Feryort sur un ton... lucide. Il en fut lui-même surpris. Ce ne fut pas tant ses paroles que son air qui le déstabilisa. À ses côtés, un soldat grogna :

"Je croyais qu'il état ivre !"

Ceux qui avaient interpellé puis arrêté l'homme haussèrent les épaules. Il était vrai qu'à sa façon de parler, on avait de la peine à le croire saoûl. Pourtant, beaucoup de choses concordaient. Feryort sentit la moutarde lui monter au nez lorsque l'homme lui adressa un grand sourire. Etait-il fou ou inconscient ? Ou les deux ?

"Très bien. Tu sais que notre roi préfère très nettement la torture publique pour les traîtres, mais il ne verrait aucun inconvénient à faire souffrir les mendiants comme toi. Peut-être ainsi la vermine de ton espèce qui croupit encore dans la ville comprendra-t-elle qu'il vaut mieux disparaître."

Les soldats ricanèrent doucement. Feryort reprit, avec toujours ce calme apparent qu'il affichait constamment, mais aussi un regard dur et froid, qui avait le don de dissuader quiconque de lui faire objection. Dans le cas du mendiant cependant, ce n'était que pour la forme. Il ne lui laissait bien évidemment pas le choix.

"Mais puisque tu m'as l'air si impatient de croupir au fond des cachots", reprit-il en décroisant les bras, "je consens à te faire... l'honneur d'y entrer. Profite bien de ton dernier séjour", ajouta-t-il sur un ton imperturbable.

Il fit signe à ses soldats.

"Emmenez-le."

L'ordre était inutile puisqu'ils avaient compris, mais il permit à Feryort de respirer à nouveau. C'était fini. Sa journée était finie. Bien qu'il trouve inutile de mettre un homme dans cet état aux cachots - car il n'y avait nul doute qu'il faudrait en sortir son cadavre dans quelques jours - les ordres étaient les ordres, et le vieillard était coupable de nombreux crimes, aux yeux de la justice du roi. Il avait troublé l'ordre publique, s'était opposé aux représentants de l'autorité suprême - le roi - mais le simple fait d'être un mendiant le désignait tout simplement comme un rebut de la société, un "indésirable" qu'il fallait éliminer. Feryort prit le chemin des appartements des gardes, tout en essayant de ne pas songer à sa famille, qui vivait dans les BasQuartiers. Tout ce qu'il espérait pour eux, c'était de ne pas se retrouver un jour dans la même situation que cet ivrogne.
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MessageSujet: Re: [Achevé]Quelque part, non loin des murs...   [Achevé]Quelque part, non loin des murs... Icon_minitimeJeu 3 Sep - 18:13

Son éclat de rire avait déstabilisé les soldats, Arcel en était conscient. Cependant, ce n'était pas leur réaction qui l'intéressait, mais celle de leur chef, or, ce dernier n'avait pas bronché, se contentant de demeurer totalement impassible. Un instant, son regard se vida lorsqu'il repensa à tous ce dont il n'avait pu profiter au cours de sa vie. Dans le lointain, quelqu'un parla de roi et de torture, de mendiant et de vermine. Mais Arcel ne l'entendit pas, et continua à se perdre dans les méandres de sa pensée ; il se vit, arpentant les routes de la ville, abordant les jeunes femmes comme les vieillards. Et soudain, il eut honte, honte de lui. Mais comme la plupart de ses absences, celle-ci s'estompa presque aussitôt, juste à temps pour qu'il puisse entendre le soldat affirmer qu'il irait aux cachots.

A ces mots, l'ivrogne baissa les yeux et se perdit dans la contemplation des bottes. Ah, il n'aurait jamais dû retirer son nez de ces dernières... Avant qu'il n'eût le temps d'ajouter quoi que ce fut, les gardes le trainèrent à l'extérieur de l'enceinte, bien que le mendiant ne leur facilitât pas la tâche ; il refusait catégoriquement de marcher, et se faisait le plus lourd possible entre leurs bras. Inconsciemment, il espérait qu'ils se lassent et qu'ils le laissent choir là, dans un fossé. Ils le menèrent pourtant, impassibles, aux portes de la prison royale...

Arcel ne garde qu'un souvenir flou de ce qui se passa ensuite ; laissé seul aux gardes de la prison, il fut roué de coups. Les soldats n'avaient guère de distractions, et maltraiter les nouveaux arrivants faisait partie de leurs jeux favori ; les prisonniers savaient à quoi s'en tenir, et évitaient d'éveiller leur attention. Par la suite, une jeune soldate l'accompagna jusqu'à sa cellule et prit la peine de lui nettoyer l'entaille qui barrait sa pommette. Il ne la remercia pas, il n'en avait plus la force. Arrivé à la cellule qui lui était attribuée, la femme parla avec quelqu'un, lui ordonnant de reculer. Quelque part dans son esprit embrumé, le vieillard se dit qu'il ne serait pas seul en prison, peut être cela l'aiderait-il à ne pas mourir, qui sait ? Car au fond, il n'en avait pas envie...

La garde le poussa en refermant vivement la lourde porte de fer derrière elle. Arcel ne fit aucun effort pour se rattraper, et s'étala de tout son long au sol, où il perdit connaissance. Il lui semblait flotter, perdu dans une mer de souvenirs, certains oubliés, d'autres récents. Quelque part, il le savait, se trouvait tout ce qu'il avait perdu, il lui suffisait de chercher. Durant ce qu'il lui parut être une éternité, il erra dans ce lieu à la frontière de la conscience, sans rien n'y trouver. Une voix l'appelait, quelque part, loin. Il n'y prit tout d'abord pas garde, mais, peu à peu, elle s'imposa à son esprit l'obligeant ainsi à se réveiller.

Une jeune personne se tenait au dessus de lui, le poussant doucement sur le côté, comme font les chiens pour attirer l'attention de leurs maîtres. La personne lui parlait doucement, mais Arcel ne comprenait pas. Peu après, une tasse de terre cuite toucha ses lèvre, et il but. Il avait faim maintenant, seulement faim...

[ Fin du RP ]
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MessageSujet: Re: [Achevé]Quelque part, non loin des murs...   [Achevé]Quelque part, non loin des murs... Icon_minitime

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