L'ère de la Rébellion
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 [terminé]Une journée ordinaire [PV Jojo xD]

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Sil
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Sil

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MessageSujet: [terminé]Une journée ordinaire [PV Jojo xD]   [terminé]Une journée ordinaire [PV Jojo xD] Icon_minitimeDim 6 Sep - 21:58

"Couchée, Neptuun..."

Une ombre s'interposa brièvement entre la lumière du jour, qui filtrait à travers les rideaux de la chambre, et les yeux encore clos de la jeune femme. Puis une masse de poils blancs s'affala sur elle dans un grognement sourd.

"Neptuuuuuuun !" râla Sil en la repoussant.

L'immense chienne se faisant un devoir de résister, la jeune femme se redressa de mauvaise grâce sur sa paillasse.

"J'avais dit "couché" !" grommela-t-elle, forcée d'ouvrir les yeux.

La principale intéressée était retournée dans son coin, satisfaite de la tournure qu'avaient pris les événements. Sil leva brièvement les yeux au ciel mais se passa de tout commentaire. Elle s'étira brièvement puis se leva, s'étira une deuxième fois afin de faire craquer les os de sa colonne vertébrale, puis se dirigea vers l'immense malle qui lui servait à la fois d'armoire à vêtements, de coffre-fort et de fourre-tout. Elle y piocha des vêtements qu'elle avait lavés la vieille, les enfila précautionneusement et vérifia trois fois son accoutrement devant le miroir ébréché de la pièce, entre le moment où elle boutonna sa chemise, noire ce jour-ci, et celui où elle laça ses bottes. Enfin, elle plaça son coffret contenant son matériel d'écriture dans une sacoche, lança cette dernière sur son épaule et quitta la chambre avec la chienne sur ses talons, non sans avoir fermé son chez-soi à double-tour. Ayant décidé de ne pas prendre de perles sur elle lorsqu'elle partait travailler, ses seules valeurs se trouvaient dans sa malle, et elle ne tenait pas à se faire voler. Son emploi ne la dérangeait pas, mais faire des heures supplémentaires n'était pas non plus dans ses intentions.

Sil traversa les BasQuartiers en passant par les ruelles les moins fréquentées. Elle laissa Neptuun gambader un peu autour d'elle puis la siffla pour la rappeler à elle lorsqu'elles parvinrent dans une rue principale. Docile, la chienne blanche trottina à ses côtés, se collant le plus possible à elle afin de ne pas attirer davantage le courroux des passants. Sil sifflota en ralliant le port, une sorte de rituel qu'elle exerçait chaque matin, afin d'entrer dans son rôle.

"Bonjour m'sieur !" s'exclama-t-elle une fois arrivée sur les docks.

Son patron coula vers elle un regard un peu blasé.

"Sil...", marmonna-t-il pour toute réponse.

Il lui adressa un petit hochement de la tête lorsqu'elle passa devant lui avec un sourire, afin de rallier les entrepôts. Là, plusieurs dockers étaient déjà au travail, occupés à apporter la nouvelle marchandise qui devait être inventoriée. Sil en salua quelques uns, par habitude, même si elle savait que peu lui répondaient. La présence de sa chienne les rendaient méfiants, voire hargneux. Mais pour l'heure elle n'avait eu à subir aucune violence de ce côté-là, ce qui la rassurait. Son patron n'était pas là pour jouer la nounou, et les entrepôts, bien que fréquentés durant les heures de pointe, l'étaient moins en fin de journée. Il pouvait arriver à peu près n'importe quoi, sans que personne ne le sache. Sil tenait donc sa langue et se faisait simplement polie, évitant de se comporter un peu trop comme un adolescent, en se montrant trop "grande-gueule" par exemple.

˟


Vers la mi-journée, elle eut droit aux premières remontrances de son patron. Neptuun était restée dans un coin et suivait sa maîtresse d'un oeil endormi par le soleil tapant ; quant à Sil elle se trouvait quelques pas plus loin, plume et liste d'inventaire en main, lorsqu'il la héla :

"Sil ! Qu'est-ce que tu fais ? La livraison des Doregen vient d'arriver, occupe-t'en plutôt au lieu de faire ça, c'est plus important ! Je te l'avais déjà dis, non ?"

"À vos ordres, chef !" sourit-elle en imitant un salut militaire.

Elle se précipita vers le-dit chef, qui leva les yeux au ciel.

"Cesses de faire le pitre", marmonna-t-il avant de reprendre sa ronde.

La jeune femme savait bien qu'il disait cela pour la forme, car il la savait sérieuse dans son travail. D'ailleurs, elle-même faisait cela pour la forme. Si elle ne tenait pas un tant soit peu son rôle d'adolescent, on finirait par se poser des questions à son sujet. Bien qu'elle doutât que quiconque ici se soit déjà demandé quoi que ce soit à son sujet, en-dehors de la question typique : "Est-il fou ?" Se promener avec un chien blanc pouvait en effet le laisser supposer. Mais Neptuun avait un autre rôle que celui de réveil-matin aux yeux de Sil ; elle détournait aussi beaucoup l'attention sur elle. Ce qu'elle n'avait jamais prévu mais qui, en fin de compte, l'arrangeait. Même si au final, Sil préférait n'être ni trop démonstrative, ni trop discrète afin de se fondre un maximum dans la masse.
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Johian de Morestel
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MessageSujet: Re: [terminé]Une journée ordinaire [PV Jojo xD]   [terminé]Une journée ordinaire [PV Jojo xD] Icon_minitimeMar 8 Sep - 18:03

Alors que midi approchait, j'arrivais enfin en vue des docks. La journée était chaude, et je transpirais sous mes différentes couches de vêtements. J'avais passé une grande partie de la matinée à teindre mes cheveux, ma peau, à brider mes yeux et à vêtir mon costume d'apothicaire ambulant. Se faire passer pour un mosaraïa n'était pas chose aisée ; outre le fait de devoir se teindre la peau en gris et les cheveux en argent, il fallait aussi donner l'impression d'avoir six doigts à chaque main. Pour cela, je disposais de deux doigts faits de bois, de coton et de soie, qui se fixaient entre l'annulaire et l'auriculaire et qui semblaient bouger comme les autres, car ils étaient attachés à l'annulaire. Je déambulais donc dans les rues, essayant de vendre des herbes aux passants. Je n'avais encore jamais incarné d'apothicaire, et mon maître affirmait qu'il s'agissait d'un rôle extrêmement compliqué. Je comprenais maintenant ses dires ; bien qu'il m'ait enseigné pas mal de choses sur les simples les plus basiques, mon savoir était bien loin d'égaler celui des vrais apothicaires. Je ne connaissais que les mélanges et les onguents les plus courants. Mon maître m'avait dit, quelques mois plus tôt, qu'il fallait « se persuader de savoir toutes les arcanes du métier, afin de donner l'impression de réellement connaître les plantes ». Ne jamais hésiter, parler résolument, ne pas bafouiller, et surtout, se rappeler de chacune des phrases prononcées pour ne pas se contredire. C'était un exercice de mémoire et de concentration, qui, ajouté à l'accent mosaraïa que je devais prendre, se révéla bien vite épuisant.

Après avoir vendu un pot d'onguent contre les rhumatismes à une grand-mère, j'entrepris de partir à la recherche d'huile d'œil de carpe. Cette huile, associée à la poudre de nacre d'huître, permettait de teindre les cheveux ainsi que la peau. Je n'avais, malheureusement, aucune idée de l'endroit où je pourrais m'en procurer ; je partis donc à la recherche d'une personne pouvant me renseigner. Mais alors que je m'approchais des entrepôts, je remarquais un homme qui semblait se faire passer, comme moi pour un apothicaire. Curieux, je me glissais derrière lui afin d'entendre les sornettes qu'il racontait. Il ne ressemblait en rien à un apothicaire : vêtu d'une simple tunique, il s'exprimait difficilement, butant sur les mots. Alors qu'il affirmait que la crème de blé apaisait le mal de tête, j'intervins.


« Pardonnez moi, messire, êtes vous certain de ce que vous avancez ? Chez moi, on utilise une infusion d'ortie et de tilleul, pour faire passer la migraine... »

L'homme me détailla de la tête au pieds. J'étais accoutré de chausses noires serties d'or, d'une chemise rouge et or, et mes cheveux étaient maintenus d'un épais bandeau frappé du sigle des apothicaire itinérants. Sans demander son reste, il détalla, me laissant le soin de vendre au client de quoi préparer la tisane dont j'avais parlé. Reprenant ma quête, j'aperçus un étrange jeune homme, à l'entrée d'un entrepôt. Il tenait du matériel d'écriture, j'en conclue que ce devait être un scribe venu ici pour faire un inventaire. Il pourrait certainement me renseigner. Alors que je m'approchais, je remarquais sa drôle de démarche : il semblait être gêné au niveau du torse, bien que cette gêne soit très infime... Il paraissait être jeune, mais ses sourcils et son visage fin m'intriguèrent... Ses vêtements étaient ceux d'un adolescent, cependant, quelque chose me dérangeait dans son apparence, sans que je parvienne à deviner quoi. Trop occupé à décrypter son attitude, je n'avais pas remarqué l'animal qui le suivait ; une chienne blanche, une chienne de Malheur. Bien qu'on m'ait souvent parlé de cette superstition, je l'avais toujours trouvée idiote, et mon maître, qui n'était pas natif de Fort de Fleuve, ne m'avait jamais mis en garde contre ces animaux. J'hésitais ; devrais-je simuler une crainte, ou ne pas sembler être intimidé par l'animal ? Les mosaraïà ont-ils peur des chiens blancs ? Il ne me semblait pas, aussi décidais-je de ne rien faire. Je pris donc la parole, insistant sur les « o », prononçant « è » à la place de « e » et taisant la plupart des « l » et des « p ».


« Bonjour, jeune homme. Je vois que vous êtes gêné au niveau du torse ; vous êtes vous cassé une côte, récemment ? J'ai là une série d'herbes pouvant apaiser toutes les souffrances, si cela vous intéresse. J'ai aussi une pommade qui aide les os à se ressouder... »

Ma curiosité avait repris le dessus, et je ne pensais même plus à demander où je pourrais trouver les ingrédients qui me manquaient. Ce jeune homme m'intéressait bien plus que mon huile... Jeune, au visage fin, plutôt féminin, gêné au niveau du torse par une quelconque douleur, se promenant avec un chien maudit... Il avait tout pour me plaire !

« Quel impoli je fais, j'ai oublié de me présenter... Je me nomme Mindor, Edwar Mindor, apothicaire ambulant, je viens du Mosaraï. »

Je tendais ma main gantée pour serrer la sienne, avec un sourire. J'en profitais pour jeter un coup d'œil à mes doigts ; le sixième semblait être là depuis toujours et, une fois de plus, je m'émerveillais devant ce cadeau de mon maître.



[ Hrp : J'avais fait un truc bien plus long, avant que mon pc bug, mais du coup j'ai eu la flemme de le refaire et j'ai fait autrement, pour pas avoir à narrer toute la partie où Johian se déguise ^^" ]
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Sil
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MessageSujet: Re: [terminé]Une journée ordinaire [PV Jojo xD]   [terminé]Une journée ordinaire [PV Jojo xD] Icon_minitimeMar 8 Sep - 21:12

Théséa, ou plutôt Sil, relisait attentivement la liste de la marchandise des Doregen. Elle devait être certaine d'avoir noté chaque élément sur son inventaire, avant que le tout ne soit entreposé, dans l'attente d'être livré. Les yeux et l'attention rivés sur sa feuille, elle ne vit pas approcher un étrange personnage, qui l'aborda quelques secondes plus tard. Entre-temps, Neptuun s'était relevée et trottinait tranquillement vers sa maîtresse, jetant ça et là des coups d'oeils intéressés. Sil mordillait l'embout de sa plume lorsqu'une voix d'homme s'adressa à elle. Elle faillit sursauter et se retourna vivement.
Il s'agissait d'un apothicaire itinérant, à voir son insigne. Ses vêtements témoignaient d'une certaine richesse, comme ses chaussures serties d'or ou ses habits couleur rouge et or. Mais ce qui surprit le plus Sil fut la couleur de sa peau et de ses cheveux, qui le désignaient comme originaire du Mosaraï. Bien entendu, ce n'était pas la première fois qu'elle voyait un représentant de ce peuple, même si elle n'avait que rarement eu l'occasion de leur adresser la parole. D'ailleurs, son accent ne manqua pas de la déstabiliser quelque peu.

"Euh, bonjour", répondit-elle un peu maladroitement, encore sous le coup de la surprise.

Elle l'écouta débiter son histoire de douleur au niveau des côtes, et son embarras augmenta d'un cran. À ses côtés, Neptuun s'assit et fixa les deux protagonistes avec un intérêt certain. À moins qu'il ne s'agisse de l'odeur des produits que l'apothicaire devait avoir sur lui. Théséa resta muette, incapable de prononcer un seul mot. Elle eut bien de la peine à reprendre un air normal. Une douleur au niveau de la poitrine ? Mais comment avait-il deviné cela, lui ? Etait-ce donc si voyant ? La jeune femme dut se retenir de ne pas se frotter le buste. Comme d'habitude, elle avait eu peur de ne pas serrer assez son "corset de fortune", comme elle l'appelait. Alors forcément, c'était un peu gênant. Mais elle pensait y être habituée, car elle n'y pensait pratiquement jamais, en-dehors du moment où elle le mettait et celui où elle l'enlevait, en fin de journée.

"Je n'ai besoin de rien, je vous remercie" répondit-elle afin d'empêcher l'apothicaire de continuer.

Même s'il ne pouvait pas deviner la vérité (du moins le croyait-elle, et cela la rassurait de le penser), cela la mettait mal à l'aise. Bien sûr, elle savait qu'il faisait cela pour vendre ses potions et tout le reste, et ce n'était pas la première fois qu'elle avait affaire à un marchand ambulant - apothicaire ou vendeur de poterie, ces derniers étant l'espèce de marchands que Sil détestait le plus au monde. Alors peut-être disait-il cela sans savoir, ce qui était probable. Et elle, que pouvait-elle dire d'autre ? Qu'elle était effectivement gênée par sa poitrine, et ce parce qu'elle était une fille ? Soyons réalistes. Elle préférait nettement mentir, même si elle se savait peu douée. C'est pourquoi elle reprit, en guise d'explication :

"Je n'ai mal nulle part, monsieur, je vous assure."

Elle ajouta le "monsieur" afin d'être polie. Mentir en étant polie lui enlevait un peu de sa culpabilité. *Peut-être ai-je une conscience trop développée*, grimaça-t-elle mentalement. Pour quelqu'un qui cachait son identité sous une apparence de garçon, c'était un comble. Afin de faire bonne figure, elle exécuta l'un des tics dont elle usait lorsqu'elle voulait se mettre, symboliquement bien sûr, dans son rôle. Siffloter en allant au travail en était un exemple, de même que siffler sa chienne afin de la rappeler. Ce n'étaient que des détails bien sûr, mais des détails qu'une fille de son rang n'exécuterait jamais. Ainsi, elle se gratta le front avec la pointe du manche de sa plume, dans un geste qui, chez un véritable adolescent, aurait pu être machinal. C'est là que l'homme reprit la parole afin de se présenter. Sil afficha un sourire poli et lui serra la main, en essayant de ne plus penser au sentiment de malaise qui l'avait assaillie lorsqu'il lui avait administré son pronostic.

"Enchanté monsieur Mindor", répondit-elle.

Puis, jugeant que c'était peut-être une réponse trop polie pour le garçon des BasQuartiers qu'elle était, elle ajouta :

"Moi c'est Sil. Je suis scribe ici."

Elle jeta un regard autour d'elle. Elle avait été si absorbée par l'arrivée de l'homme qu'elle s'étonna de trouver sa chienne à ses pieds. Elle fut tentée de l'envoyer se coucher plus loin, mais comme son interlocuteur ne semblait pas s'en offusquer, elle s'en priva. Généralement, l'effroi qu'inspirait l'immense chienne blanche se lisait assez bien sur les visages.

Au loin, elle aperçut son patron qui discutait avec quelques dockers.

"Puis-je faire quelque chose pour vous ?" proposa-t-elle poliment, oubliant immédiatement sa façon de parler. "Si ce n'est pas le cas, je suis désolé mais je vais devoir me remettre au travail."

Elle désigna du pouce la marchandise des Doregen, qui n'attendait que la fin de son inventaire pour rejoindre l'entrepôt auquel elle tournait le dos. Elle ne tenait pas à subir une nouvelle réprimande de son patron, pour le cas où il reviendrait par ici.
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Johian de Morestel
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MessageSujet: Re: [terminé]Une journée ordinaire [PV Jojo xD]   [terminé]Une journée ordinaire [PV Jojo xD] Icon_minitimeMer 9 Sep - 15:46

Le jeune homme se raidissait à mesure qu'il parlait. Bien que cette tension soit infime, je la percevais aussi certainement que si elle avait été matérielle ; les heures passées à observer la population me permettait de décrypter les moindres attitudes des personnes. Ce jeune homme cachait des choses, ceci ne faisait aucun doute, mais quoi ? Il affirmait n'avoir mal nul part, mais en disant cela il s'était trahit lui même ; quelque chose le gênait sous ses vêtements, et s'il ne s'agissait pas d'une côte, cela ne pouvait qu'être autre chose... Il s'était tourné vers moi pour me répondre et serrer ma main, j'eus donc tout le loisir de l'observer. Son visage était agréablement dessiné, ses sourcils traçaient deux traits délicats au dessus de ses yeux bleus foncés. Je n'observais pas la moindre trace de duvet sur son menton, alors que les adolescents de son âge commençaient à voir ce qui, plus tard, serait leur barbe. Lorsqu'il se frotta le front du manche de sa plume, de remarquais ses doigts trop fins pour être ceux de quelqu'un ayant les mêmes occupations que celles des jeunes de la cité. J'étais prêt à parier que Sil ne passait pas son temps libre à parcourir les bas quartiers avec une bande d'amis, ni à courir après les filles. A mesure que ces conclusions s'imposaient à mon esprit, je ne voyais qu'une seule explication à tout cela... Ce jeune homme n'en était pas un ; c'était une fille, tout simplement...

Je voulais plus d'explications ; c'était la première fois que je croisais quelqu'un, en dehors de mon maître et moi, qui se travestisse. Quelles étaient ses motivations, ne voulait-elle pas être reconnue ? Oui, très certainement. Bien que de nombreuses questions assaillaient mon esprit, je fis mon possible pour les repousser. Je ne pouvais pas la questionner ici, ni lui dire ce que je n'étais pas dupe quant à son déguisement ; elle n'apprécierait certainement pas que je révèle son secret devant tant de monde, et cela me ferait perdre les infimes chances que j'avais d'obtenir des explications... Non, il fallait que je la revois, plus tard dans la journée, en un lieu plus discret. Pour l'heure, elle m'avait posé une question, et il eût paru déplacé de ne pas y répondre, d'autant plus qu'elle ajouta avoir du travail.


« Ah... J'étais pourtant certain d'avoir remarqué une certaine gêne au niveau du torse. Enfin, si vous m'assurez que non, je ne peux que vous croire ! Quoi qu'il en soit, si mes produits ne vous intéressent pas, ce qui est fort dommage, permettez moi de le souligner, car je possède une large gamme d'essences naturelles, vous pouvez m'être utile. »

Je fis une petite courbette, tant respectueuse que ridicule. Les marchands ambulants étaient souvent extravertis et se moquaient des apparences ; ce qu'il fallait, c'était être vu ! De plus, les mosaraïà n'étaient pas connus pour leur discrétion, bien au contraire... Je prenais peu à peu plaisir à jouer ce rôle... D'ailleurs, je ne jouais plus Edwar Mindor, j'étais Edwar Mindor. Je repris la parole en baissant un peu la voix, comme si je lui faisais une quelconque confidence.

« Voyez-vous, avant de remarquer cette gêne qui, apparemment n'existe pas, il m'était venu à l'esprit que vous pourriez m'aider ; je recherche un produit en particulier, qui m'est très utile pour toutes sortes de choses... Sauriez-vous m'indiquer un lieu où je pourrais me procurer de l'huile d'œil de carpe ? »

Tout ceci n'allait pas m'aider à la revoir, me dis-je. Il me fallait un prétexte pour lui donner rendez-vous plus tard dans la journée... Mais quoi ? Je ne pouvais pas déclarer vouloir lui parler de quelque chose en privé, c'eût paru étrange. Il me fallait un sujet quelconque, qui la mette en confiance, un sujet duquel elle accepterait de parler, et sur lequel je pourrais glisser jusqu'aux questions qui me torturaient l'esprit. Mon regard se posa finalement sur sa chienne, assise à ses côtés, tandis que je finissais ma phrase. Une chienne blanche... Bien que j'eus toujours trouvé ces superstitions idiotes, me retrouver en présence d'un animal tant détesté me mettait mal à l'aise, mais je me cachait derrière un masque impassible. Je laissais ma question en suspens et, sans attendre de réponse ni même lui permettre d'y réfléchir, je repris la parole, avec de nombreux gestes, comme pour appuyer mes dires.

« Par ailleurs, j'aurais une seconde requête à vous soumettre, jeune homme. » Je laissais planer ce terme dans l'air pour observer sa réaction. « Voyez-vous, ma mère tenait un chenil à Eglandior, et j'y ai passé une grande partie de mon enfance... Avant de partir avec mon maître apothicaire, je me plaisais à prendre soin des chiens tout en aidant ma mère. Elle en avait de toute sorte ; des grands, des petits, des teigneux, des gris, des tachetés, des excités... Je crois qu'elle a possédé toutes les races de chiens possibles et inimaginables. C'était sa passion, et ils le lui rendaient bien... Trop bien d'ailleurs ; l'un d'eux trouva utile de lui faire cadeau de sa rage. C'est ce qui l'emporta... »

Je me tu, le regard perdu derrière la tête de la chienne blanche, comme si je repensais à des souvenirs perdus, à cette mère que je ne révérais jamais. Et que je n'avais jamais vu, d'ailleurs. Enfin, ceci elle n'était pas censée le savoir. Je repris, la voix tout d'abord tremblante mais plus ferme par la suite.

« Baste ! Laissons là ces souvenirs malheureux. Ce que je cherchais à vous dire, c'est que votre chienne m'intrigue. Je n'avais jamais eu l'occasion d'en voir d'une telle couleur, et j'ai cru comprendre que cela effrayait les gens de cette cité, sans que je comprenne pourquoi. J'aimerais que vous me parliez d'elle, mais vous me semblez occupé... Serait-il possible que l'on en discute après que vous ayez achevé vos tâches ? »

Je plongeais mon regard gris dans le bleu de ses yeux. Un sourire franc éclairait mon visage ; j'avais parlé en toute sincérité, ce chien m'intriguait réellement bien que ce ne soit pas la véritable raison qui me poussait à vouloir la revoir... D'un geste machinal, je passais ma main dans mes cheveux, faisant briller leur couleur argenté au soleil de ce début d'après-midi.
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Sil
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MessageSujet: Re: [terminé]Une journée ordinaire [PV Jojo xD]   [terminé]Une journée ordinaire [PV Jojo xD] Icon_minitimeMer 9 Sep - 16:50

Sil avait à présent de la peine à se concentrer sur son interlocuteur, car elle s'imaginait sans cesse que son patron allait la voir et penser qu'elle bâillait aux corneilles. Ce qui était faux, étant donné qu'elle venait de proposer son aide à l'apothicaire. Du coup elle avait presque la conscience tranquille... Presque mais pas assez pour ne pas s'empêcher de jeter des coups d'oeils autour d'elle. Heureusement, la réponse du mosaraïa attira toute son attention. Lorsqu'il déclara qu'elle pouvait lui être utile, elle se focalisa instantanément sur lui et le regarda d'un air interloqué. Il exécuta une courbette qui amusa passablement la jeune femme, même si elle se garda bien de le montrer, avant de changer de ton et de prendre un air un peu mystérieux. Sil savait parfaitement que les marchands ambulants – apothicaires ou pas – jouaient beaucoup sur la théâtralité. Mais malgré elle, elle sentait que son intérêt avait augmenté d'un cran.
Elle grimaça instantanément à la nouvelle évocation de la gêne qu'elle avait démenti, puis fronça légèrement les sourcils à la mention de l'huile d'oeil de carpe. Elle s'apprêtait à feuilleter son inventaire, certaine d'en avoir vu la mention le matin-même, lorsque l'homme reprit la parole, presque immédiatement. Sil releva la tête tandis qu'il laissait sa phrase en suspens et haussa légèrement les sourcils, ce qui chez elle était un encouragement à continuer. Elle fut un peu surprise de l'entendre lui parler de sa mère et de son chenil, avant de se rappeler que Neptuun était à ses côtés. Elle jeta machinalement un regard à la chienne, qui n'avait pas bougé d'un pouce mais reniflait légèrement autour d'elle. *Un apothicaire doit dégager tout un tas d'odeurs*, songeait la jeune femme tandis que l'intéressé finissait sa tirade. Elle esquissa un grimace, encore sous le coup de la surprise – car elle ne comprenait toujours pas où il voulait en venir –mais surtout parce que les dernières paroles de l'homme l'avait déstabilisée.

"Oh, je... Je suis désolé."

Elle se mordit instantanément la langue. Sur le coup, elle avait faillit parler d'elle au féminin et finir par un "désolée". C'était le genre de fautes qu'elle ne se permettait jamais, mais l'attitude de l'apothicaire la prenait vraiment au dépourvu. *Pourquoi me raconte-t-il tout cela ?* s'étonnait-elle encore. Elle eut rapidement sa réponse. Sil esquissa un sourire. Si la proposition du mosaraïa la surprenait – étant un apothicaire itinérant elle pensait qu'il connaissait les superstitions des régions qu'il visitait – elle ne la gênait pas pour autant. Après tout, c'était de sa faute si elle se promenait avec une chienne blanche sur ses talons. Même si l'idée de retrouver cet homme un peu trop observateur à son goût la mettait légèrement mal à l'aise, elle n'avait pas de raison concrète de refuser. Elle haussa légèrement les épaules et fut presque fière de l'attitude typique de l'adolescent blasé qu'elle montrait.

"Si vous voulez... Mais cela ne tient pas à grand-chose, en fait..."

Elle s'apprêtait à lui expliquer la raisons de cette superstition, quand elle vit que son patron se dirigeait dans sa direction. Aïe ! Mieux valait ne pas s'éterniser. Le mosaraïa avait raison, elle était occupée. Elle réfléchit quelques secondes à une heure appropriée à lui proposer. Elle ne finissait pas excessivement tard, du moins pas autant que ses collègues les dockers, car elle devait avoir fini les inventaires avant qu'ils n'expédient la marchandise par monte-charge. Nous étions à la mi-journée...

"Ecoutez, je finis dans cinq heures environ. Revenez à ce moment-là", proposa-t-elle.

À cette heure-ci les docks commençaient gentiment à se vider. Ceux qui restaient finissaient leur journée dans les entrepôts, à ranger la marchandise. Sil aimait bien ce moment de la journée, quand tout se calmait. Neptuun aussi, car elle pouvait gambader plus librement.

"Concernant votre huile d'oeil de morue... Pardon, de carpe..."

Elle feuilleta sa liste quelques instants, puis pointa une ligne avec sa plume.

"Voilà, le marchand Rimeseck est venu en chercher un plein tonneau ce matin. Je vous conseille de faire un tour à la foire au troc... c'est là-bas qu'il travaille."

Elle se rapprocha pour lui montrer la liste, et le nom de l'ingrédient ainsi que de son acheteur. Peut-être Rimeseck n'avait-il pas encore mis sa marchandise en vente, mais il la possédait et l'apothicaire pouvait toujours essayer de se montrer convaincant. Ce dont, bizarrement, elle ne douta pas.
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Johian de Morestel
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MessageSujet: Re: [terminé]Une journée ordinaire [PV Jojo xD]   [terminé]Une journée ordinaire [PV Jojo xD] Icon_minitimeJeu 10 Sep - 18:10

« Merci, merci ! »

Dis-je en prenant sa main entre les deux miennes. Je trouvais néanmoins qu'elle s'exprimait de manière plus raffinée que la plupart des habitants des BasQuartiers... Ainsi donc, elle masquait sa féminité, mais également son origine sociale. Avec un petit sourire insolent, je m'inclinais bien bas à la manière des domestiques, tout en exagérant les postures de ces derniers, ce qui donnait à la scène un puissant air caricatural.

« Je serais là dans cinq heure, messire, n'ayez crainte, je ne vous ferais point attendre. »

Je plaquais sur mon visage un masque grave et respectueux, le même que j'arborais lorsque je me faisais passer pour une apprentie cuisinière dans une des tavernes de la HauteVille. Puis, avec un sourire et une seconde révérence ridicule, je pris congé d'elle, me dirigeant d'une démarche incertaine, celle qu'ont les gens qui viennent de voir quelque chose d'extraordinaire, vers le patron de Sil qui parlait avec un autre homme. Je fus tenté de me retourner pour voir sa réaction face à mon attitude, mais je me retins ; ça aurait cassé tout mon final !

Arrivé vers les deux hommes, je m'immisçai sans gêne dans leur conversation, en décrivant les bienfaits d'une crème cicatrisante qui, je l'assurai, était capable de réduire toutes les balafres, même les plus hideuses, à l'état de fines cicatrice élégantes et viriles. J'agitai le tube sous le nez d'un des deux hommes qui arborait une éraflure sur le point de s'infecter. J'insistai lourdement, narrant un à un les procédés de fabrication, quand, finalement, lassé de mes discours, l'homme m'acheta un tube de crème. Je m'apprêtai à venter les mérites d'un autre de mes produits, cependant ils me congédièrent sèchement. Je m'éloignais d'eux à reculons, multipliant les courbettes et les flatteries. En me retournant, je souriais ; l'homme aurait d'affreuses plaques rouges et irritées en plus de sa balafre... Mais je n'en éprouvais aucune honte, pas le moindre remords, juste une légère déception ; je ne pourrais pas voir sa réaction lorsqu'il se rendrait compte qu'il s'était laissé abusé par un apothicaire ambulant un peu trop bavard...

Après plusieurs autres arrêts, durant lesquels je parvins à vendre un puissant somnifère à la place d'un filtre d'amour, ainsi qu'un breuvage vivifiant en promettant qu'il permettait de préserver la vue, j'arrivai à la foire aux troques. Monsieur Rimeseck... Il ne fut pas dur à trouver, celui-ci ! Il possédait l'une des quatre boutiques de la foire ; le reste était des étals, disposés çà et là, sans ordre apparent, sur une place. En pénétrant dans son magasin, je remarquai plusieurs articles qui m'intéressaient... Mais les prix étaient inquiétants ! Depuis quand la cire d'ortie d'Esur coûtait trois perles rouges pour un minuscule pot ? Je ne pourrais certainement pas me fournir en huile dans sa boutique ; je ne tenais pas à me ruiner... Pourtant, tout ce qui pouvait m'intéresser était à portée de main... Les prix étaient chers, certes, mais pas si l'on obtenait plusieurs articles pour le prix d'un... Alors que je m'approchais du comptoir, je notai les places de ce que je convoitais, mais aussi les obstacles qui se trouvaient entre eux et moi. Alors que je préparais mon texte, mon cœur se mit à battre d'excitation ; j'étais dans mon élément. Lorsqu'enfin, monsieur Rimeseck daigna me regarder, il vit en face de lui un homme sérieux, d'une trentaine d'année, l'œil gris et déterminé, au visage impassible mais aux rides joyeuses ; il était loin d'imaginer que sous cet homme se cachait un jeune, tout juste sortit de l'enfance, qui était prêt à le détrousser plusieurs produits en plus de celui qu'il allait acheter... Avant de prendre la parole, je m'inclinais légèrement, en signe de respect, mais également pour flatter son égo.


« Pardonnez-moi, messire, mais l'on m'a indiqué que vous veniez de recevoir une livraison d'huile d'œil de carpe. Il se trouve que justement, j'en cherche... »

Il me détailla, et je soutins son regard sans ciller. Enfin, il me répondit que c'était vrai, mais qu'il n'avait pas encore fait les doses ni décidé du prix. Il me demanda de repasser dans trois jours... Trois jours ! J'avais bien le temps de redevenir blanc, en trois jours... J'insistai, affirmant que son prix serait le mien, et que je n'avais besoin que d'une dose de taille moyenne. Je continuai par dire que je prenais la direction des HautsQuartiers dès le soir, et que par conséquent je ne pourrais pas revenir dans trois jours. J'achevai en disant que, s'il ne consentait pas à me vendre son huile, j'irais m'approvisionner ailleurs, et que l'ordre des apothicaire itinérant du Mosaraï éviterait désormais son enseigne ! Cela dû le convaincre, car il me demanda de patienter cependant qu'il allait préparer ma dose d'huile. Il disparut dans l'arrière boutique. En trois pas, je fus sur les objets dont j'avais besoin et en quelques secondes ils disparurent dans une poche dissimulée dans un pli de mes chausses. Il revint, m'allégea de quatre perles rouges, car il fallait bien que je lui paie le dérangement, et me souhaita un bon après-midi. Je fis de même et sortis. J'avais mon huile, mais aussi un mortier et un pilon miniatures, bien utiles pour broyer de toutes petites quantités d'ingrédients, ainsi que des feuilles de roseau séchées et du charbon de lin. Sans oublier, bien sûr, le petit pot de cire d'ortie d'Esur... Content de moi, j'arpentais la ville, à la recherche de bonnes affaires, pour faire passer les quatre heures qu'il me restait.

Fier de ma journée, je repris la direction des docks. J'avais vendu beaucoup des plantes que je possédais, et, le lendemain, il me faudrait me réapprovisionner en toutes sortes d'herbes pour refaire des infusions, pommades, onguents, sirops... Mais pour l'heure, j'avais un rendez-vous, un rendez-vous que je n'aurais raté pour rien au monde ! Je retrouvai Sil sans mal, et, comme la fois précédente, je l'approchai furtivement. Parvenu à sa hauteur, sans vérifier si elle m'avait – ou non – aperçu, je fis une révérence en enlevant un chapeau que je n'avais pas, et en l'agitant devant moi.


« Me voici, messire, à l'heure indiquée par vous ! »

Je me redressai et lui adressai un sourire joyeux. Ma journée avait été bonne et, sans que je sache pourquoi, j'avais l'impression que ma soirée allait l'être tout autant.
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MessageSujet: Re: [terminé]Une journée ordinaire [PV Jojo xD]   [terminé]Une journée ordinaire [PV Jojo xD] Icon_minitimeVen 11 Sep - 18:51

La réaction de son interlocuteur la déstabilisa quelque peu. L’apothicaire prit sa main entre les siennes, la clouant sur place sous l’effet de la surprise. Elle le regarda partir avec un mélange de perplexité et d’appréhension. *Et c’est lui que je suis censée retrouver ce soir ?* s’étonnait-elle encore en tournant les talons. Elle jeta un coup d’œil à Neptuun. C’était un chien, elle avait donc les sens très développés, plus qu’un humain ordinaire. Sil s’attendait donc à ce qu’elle détecte le danger quand elle en voyait un. Apparemment, ce n’était pas le cas. La chienne leva les yeux vers elle, la langue légèrement pendue. Sil essaya de ne pas imaginer qu’elle se moquait d’elle, leva les yeux au ciel et reprit son travail. Elle avait presque finit l’inventaire des Doregen lorsque son patron la rejoignit afin de s’assurer que tout allait bien. Contrairement au Mosaraïa, elle l’entendit arriver de loin en raison de son pas lourd et mesuré. Elle se retourna avant qu’il ne l’aborde et aperçut brièvement la personne avec qui il parlait un peu plus tôt, un homme qui travaillait pour un marchand des HautsQuartiers, pour lequel il était venu chercher de la marchandise. Une cicatrice apparemment toute fraîche lui barrait le visage.

« Alors Sil, ça avance ? »

Son patron la coupa dans ses réflexions. Elle hocha brièvement la tête et afficha un sourire satisfait :

« Oui, chef ! J’ai presque fini. »

« Tant mieux. Je veux que tu t’occupes de la livraison du marchand Restart* tout de suite après. »

« C’est comme si c’était fait ! » s’exclama la jeune femme avec l’enthousiasme débordant d’un adolescent sur-motivé.

Son manège eut l’effet escompté, à savoir que son patron leva les yeux au ciel d’un air exaspéré. Mais Sil ne s’en formalisait pas, d’ailleurs c’était un passage obligé afin de maintenir son rôle, se disait-elle. Fort heureusement, ses collègues n’étaient pas aussi observateurs que l’apothicaire de ce midi, se dit-elle aussi en se rendant vers la marchandise de Restart. Elle s’agaça un peu, car c’était au moins la dixième fois qu’elle repensait à lui. Décidément, elle n’arrivait pas à se le sortir de l’esprit ! Il avait eu une attitude un peu déroutante, c’était vrai, mais la plupart des marchands ambulants étaient ainsi. Comme ils passaient peu de temps dans une ville, ils faisaient tous les efforts possibles et inimaginables pour vendre un maximum de leurs produits. Sil coula un regard lourd en sous-entendu vers sa chienne, assise à ses pieds. *J’espère qu’il n’a pas l’intention de se servir de toi comme prétexte pour me vendre tout un tas de produits qui seraient censés m’être utiles*, songea-t-elle alors que Neptuun bâillait largement. Sil jeta un coup d’œil autour d’elle et en conclut qu’il valait mieux qu’elle accélère l’allure, ou elle n’aurait jamais fini à l’arrivée de son apothicaire. D’ailleurs, si lui parler était juste un prétexte pour lui vendre ses produits, elle le saurait rapidement.


˟

L’après-midi sembla se dérouler plus vite que prévu. Sil grommelait contre des dockers qui avaient commencé à embarquer de la marchandise avant qu’elle finisse l’inventaire, lorsqu’elle sentit Neptuun bouger à ses côtés. La chienne était restée couché à l’ombre d’une grande caisse en bois, sans bouger pendant que l’on s’activait autour d’elle. Elle avait pris pour habitude de se faire remarquer le moins possible, car sa maîtresse lui avait fait comprendre qu’une attitude calme et discrète était son assurance de garder son travail. Cependant elle sentit venir à elle une odeur assez particulière, une odeur qu’elle avait sentie un peu plus tôt dans la journée, pour la première fois dans sa vie de chien – aussi loin qu’elle s’en souvienne. C’était un mélange d’herbes aromatiques, de plantes et d’huiles diverses, le tout ajouté à quelque chose qui sentait comme de la terre ou de la boue. Intriguée, Neptuun se leva et trottina en direction de l’odeur, et par là-même de la personne qui la dégageait. Arrivée à destination, elle s’arrêta quelques secondes et leva le museau vers l’homme, comme pour lui dire « Re-bonjour, vous ! ». Puis elle lui tourna autour jusqu’à ce qu’il rejoigne sa maîtresse, sans cesser de renifler autour de lui.

« Magne-toi, on va pas attendre toute la nuit que t’aies fini ! » s’exclamait un docker.

« Je me magne, je me magne… » grommela la jeune femme en finissant sa liste.

La voix de l’apothicaire la fit sursauter. Elle se retourna pour lui jeter un coup d’œil surpris, constatant par là-même qu’il était presque six heures du soir. Elle gémit intérieurement en pensant à sa liste.


« Ah, bonsoir ! » s’exclama-t-elle en lui adressant un sourire un peu embêté. « Excusez-moi, mais cela vous gêne-t-il d’attendre encore quelques minutes, le temps que je finisse ? »

Elle était un peu embêtée de lui demander cela, et puis elle vit sa chienne et eut un éclair de génie.

« Vous… vous pourriez rester avec Neptuun ? » proposa-t-elle. « Faire connaissance… Ne bougez pas, je reviens ! »

Elle fit un signe à sa chienne et partit à la suite des dockers, qui emmenaient la dernière caisse en direction du monte-charge. Lorsqu’elle les rattrapa, ils rirent en se moquant ouvertement de sa façon de parler.

« Mais c’est qu’il parle comme un prince ! » ricanait l’un.

« P’têt qu’y prend des cours particuliers. Tu t’es trouvé un prof qui t’supportes ? » renchérit un autre.

« Ou une prof ! » ajouta le premier.

« La ferme. »

Cette réaction déclencha un fou-rire chez les dockers, comme si une telle réponse ne pouvait que leur donner raison. Sil soupira. S’ils savaient… *Hum… je serais mal*, conclut-elle en avisant les deux grosses brutes face à elle. Elle leva les sourcils et se fraya un chemin jusqu’à la caisse.

« Bon, ça va. Laissez-moi finir ça, j’en ai pour une minute. »

Elle évita d’ajouter qu’on l’attendait, auquel cas ses charmants collègues auraient trouvé une raison de plus de rire d’elle, et se remit bien vite au travail. Il ne lui fallut pas beaucoup de temps pour venir au bout de sa liste ; elle avait déjà inventorié une grande partie de la marchandise et il ne lui restait plus qu’à la relire. Ce qui fut fait en moins d’une minute. Elle revint rapidement vers l’apothicaire et la chienne, qui semblait n’avoir aucun mal à rester près de lui. Habituellement, elle suivait Sil comme son ombre, consciente que les autres personnes se méfiaient d’elle. Sil courut à toute vitesse jusqu’à l’endroit où elle avait laissé l’homme, s’arrêta dans un dérapage (presque) contrôlé et se redressa avec un sourire épuisé mais satisfait :

« C’est bon, je suis à vous ! »

Neptuun se rapprocha d’elle et la jeune femme la caressa quelques instants, avant de hausser les sourcils en direction de l’apothicaire afin de l’encourager à lui poser ses questions. Evidemment, elle ignorait où se situait son véritable intérêt, auquel cas elle ne serait pas restée dans les environs alors que les docks se vidaient gentiment. C’était bien simple ; en-dehors des dockers qui finissaient leur travail dans le hangar qu’elle avait quitté, et de son patron qui devait traîner dans un coin, ils étaient vides. La plupart des gens ne traînaient pas sur les lieux alors qu’ils avaient enfin l’occasion de rentrer chez eux. Pour Sil, c’était différent. Personne ne l’attendait, et ses journées ne se résumaient pas à grand-chose en-dehors de son travail et de sa chienne.
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* [HJ : Petite allusion à Robin Hobb, c’était obligé xD]
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Johian de Morestel
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MessageSujet: Re: [terminé]Une journée ordinaire [PV Jojo xD]   [terminé]Une journée ordinaire [PV Jojo xD] Icon_minitimeSam 12 Sep - 20:00

Sil n'avait pas terminé son travail, aussi s'excusa-t-elle et me proposa de rester avec la chienne, assurant qu'elle n'en aurait pas pour longtemps. Je la regardais partir un sourire aux lèvres et me tournait vers l'animal. Une lueur intelligente brillait au fond de son regard, cependant, pendant quelques secondes je n'osais bouger, mal à l'aise en présence d'un tel chien. Je me contraignis à respirer calmement, tout en faisant mon possible pour me raisonner... Mais c'était une chose que de trouver idiote une superstition, c'en était une autre d'être seul à seul en compagnie de l'objet de cette dernière. J'avais réussi à ne pas paraître dérangé par la chienne en présence de Sil, mais être seul avec elle me glaçait... Si je supportais si mal sa présence, je ne pourrais pas jouer mon rôle convenablement lorsque la jeune femme reviendrait... Il fallait que je me débarrasse de cette angoisse stupide ! Après une longue inspiration, je m'accroupis devant Neptuun, lui tendant la main pour qu'elle la renifle. Tout en restait sur ses garde, elle s'approcha doucement pour me sentir. C'était vraiment un bel animal, j'avais rarement eu l'occasion d'en voir de si beau. Je grimaçais intérieurement en imaginant quel aurait été son sort si la scribe ne l'avait pas recueillie. Puis, soudainement, tout malaise sorti de moi, je pu de nouveau respirer librement, libéré de l'angoisse que m'inspirait Neptuun. Il m'apparut clairement que les chiens blancs ne portaient pas malheur ; si le roi s'était servi d'aigles bruns pour tirer les cadavres, c'est ces derniers qui auraient été qualifiés de « maudits ».

J'adressai un sourire à la chienne qui me répondit d'un bref mouvement de queue. Prudemment, sans geste brusque, j'approchai ma main pour ma poser sur sa tête ; elle se laissa faire, se raidissant néanmoins à mon contact. Elle ne semblait pas avoir l'habitude d'être touchée par une autre personne que sa maitresse, ce qui n'avait rien d'étonnant, aussi retirai-je ma main ; je n'avais pas envie de la brusquer.

J'allais me relever lorsque Sil reparut. Neptuun revint près d'elle tandis qu'elle affirmait en avoir fini avec ses obligations... Mon cœur se mit à battre et, avant de me redresser, je lui adressai un sourire. Ni insolent, ni moqueur, juste un sourire.


« Votre chienne est vraiment magnifique ! Je ne doute pas que ma mère eût pris du plaisir à élever un si bel animal. On en avait des beaux à Eglandior, de très beaux même ! Je me rappelle d'un jour où une chienne mit bas à quatre petits, malheureusement l'un d'eux n'a pas survécu. Il n'empèche que les autres étaient très... Um... Passons, si je pars sur cette pente nous en avons pour des heures !! »

Je regardais la chienne d'un regard songeur, savourant la douceur de la soirée naissante, laissant planer le silence quelques instants avant de reprendre avec une autre sourire. J'étais de belle humeur ce soir, comme cela ne m'étais pas arrivé depuis bien longtemps.

« J'ai conscience que ce rendez-vous est bizarre, et je ne doute pas que vous vous posiez des questions quant à mes réelles motivations. Il se trouve pourtant que je suis réellement intéressé par votre compagne, et j'aimerais vraiment que vous m'en parliez ! »

*Même s'il ne s'agit pas que de ça * me dis-je... Enfin ça, elle n'était pas censée le savoir, et de toute manière je ne souhaitais pas aborder ces sujets là pour le moment, et pas ici, surtout... Il y avait peu de quartiers dans la ville que je n'appréciais pas, mais les docks en faisaient partie. Sûrement car je n'avais jamais eu l'occasion d'y rester, mais ces entrepôts obscures me mettaient mal à l'aise.

« Cependant, cela vous gênerait-il de parler en marchant ? Je n'aime pas rester longtemps sans bouger ! De plus, ce lieu ne m'est pas très familier et je ne m'y sens pas aussi bien que je le voudrais... »

Sans attendre de réponse, je pris la direction de la foire au troque ; il fallait la traverser pour entrer dans des quartiers moins marchands de la BasseVille. Tout en avançant, je m'étirais d'un geste théâtral, rejetant vivement mes bras derrière moi et inclinant le haut du corps en arrière. L'entraînement de mon maître portait ses fruits ; dans cette position tout à fait naturelle, je parvins à marcher sans faire d'efforts pour conserver mon équilibre. Mes yeux pétillaient ! Le moment que j'attendais depuis des heures arrivait enfin, et j'oubliai quelques secondes tous mes soucis. Je fis soudainement volte-face, pour voir où se trouvait Sil, et lui adressait d'une voix enjouée :

« Et bien, depuis quand avez-vous Neptuun ? Et surtout, comment l'avez-vous eu ? »

J'avais oublié de parler avec l'accent mosaraïa dans le début de ma phrase... Je ne fis aucun mouvement qui puisse trahir mon trouble, mais j'espérai fortement qu'elle n'aurait pas relevé ce détail. Mon maître n'aurait pas été fier de moi en cet instant, d'ailleurs je ne l'étais pas non plus, mais je chassais ces sombres pensées de mon esprit et regardai Sil bien en face ; si j'avais l'air sûr de moi, mon erreur passerait plus simplement inaperçue.


___
[Hj : Comme je te l'ai dit, j'ai du mal à écrire depuis deux jours, et cette réponse est pas super, mais bon... Désolée >.<]
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MessageSujet: Re: [terminé]Une journée ordinaire [PV Jojo xD]   [terminé]Une journée ordinaire [PV Jojo xD] Icon_minitimeDim 13 Sep - 12:38

[HJ : J’ai adoré le truc de l’accent xD]

En se redressant, Sil remarqua que l’apothicaire était lui aussi plié en deux. Elle se demanda s'il s'était approché de Neptuun. Il la complimenta sur sa chienne, avant de lui parler des animaux de sa mère. Cela fit sourire la jeune femme, qui caressait machinalement l'animal.

« J’espère qu’elle s’est comportée convenablement avec vous », dit-elle, seulement à moitié sérieuse. « Je n’ai pas l’habitude de la laisser seule avec d’autres personnes… »

Ce dernier propos ne sonnait pas comme un reproche, bien sûr, du moins pas à l’encontre de l’apothicaire. Sil s’en voulait un peu de ne pas laisser autant de liberté à sa chienne, comme si c’était de sa faute si elle était née blanche. Ou plutôt, comme si c’était de sa faute si cette stupide superstition existait ! Elle fut plutôt contente que son interlocuteur change de sujet, même s’il lui proposait de s’éloigner des quais. D’un côté, cela l’arrangeait elle aussi. Elle ne tenait pas à ce que ses collègues la raillent le lendemain, pour une chose aussi futile. Mais d’un autre côté, c’était la première fois qu’elle parlait réellement avec un apothicaire, mosaraïa de surcroît, alors autant dire que se promener à ses côtés la mettait un peu mal à l’aise. Surtout au vu des gestes ô combien exagérés qu’il exécutait. La jeune femme était néanmoins bien trop élevée pour lui en faire la remarque.

« Cela ne me gêne pas », répondit-elle simplement au Mosaraïa.

Elle allait lui emboîter le pas – d’ailleurs Neptuun était déjà sur ses talons – lorsque ses mots précédents lui revinrent en mémoire.
J'ai conscience que ce rendez-vous est bizarre, et je ne doute pas que vous vous posiez des questions quant à mes réelles motivations. Elle resta quelques instants saisie. *Ses réelles motivations ?* répéta-t-elle mentalement. *Qu’est-ce que c’est censé vouloir dire ?* Elle sortit de sa torpeur et se dépêcha de rattraper l’inconnu et la chienne. Mais ses mots restaient encore gravés dans sa tête, sans qu’elle en comprenne le sens. Elle en était encore à se torturer l’esprit pour avoir le fin mot de l’histoire lorsque l’apothicaire, à côté duquel elle marchait presque à présent, s’étira de tout son long. Généralement, on utilise cette expression au sens figuré. Sil n’en avait pas envie, ce soir-là. Elle ouvrit de grands yeux surpris, avant de se rappeler que ce n’était pas très poli. Elle se recomposa maladroitement une expression neutre, tandis que le mot « chat » se formait dans son esprit. Finalement, elle secoua la tête. Elle avait décidément des idées bien stupides, aujourd’hui ! Toutes les extravagances de cet homme étaient fondées, c’était un apothicaire ambulant. Et ses mouvements, ses paroles… c’était un Mosaraïa. Que savait-elle des coutumes de ce peuple, ou de leur façon de parler ? S’il avait six doigts à chaque main, pourquoi n’aurait-il pas des os élastiques – ou du moins une très grande souplesse, s’empressa-t-elle de corriger en se sentant très idiote ? De même que la langue qu’il parlait n’était pas sa langue maternelle, ce qui expliquait peut-être des fautes d’expression…

Fort de ces belles conclusions, Sil rattrapa en quelques enjambées le Mosaraïa, un sourire aux lèvres. Elle n’avait rien à craindre ; d’ailleurs même Neptuun semblait l’apprécier. Elle trottinait à ses côtés, ralentissant parfois l’allure pour ne pas laisser sa maitresse seule derrière. La jeune femme s’apprêtait à engager la conversation, lorsqu’il la devança. Il se retourna vivement, la faisant – pour changer – sursauter. Elle sourit brièvement…


« En fait elle… »

… et s’interrompit aussitôt, certaine que quelque chose dans sa façon de parler la gênait. Son accent ? Elle lui lança un regard interrogatif. Peut-être avait-elle rêvé ? Comme elle s’y attendait, l’apothicaire ne montrait aucun embarras. Il la regardait bien en face et ne laissait rien transparaître. La jeune femme décida de reléguer ce détail dans un coin de son esprit.

« Neptuun et moi sommes ensemble depuis plus d’une année », reprit-elle.

Elle adressa à sa chienne un regard empreint de douceur. Elle tenait à elle bien plus qu’elle n’osait le dire, bien plus qu’elle n’aurait osé l’imaginer lorsqu’elle l’avait « sauvée » de sa mère et de son frère, qui voulaient sa mort. La chienne remua la queue, comme si elle avait lu ses pensées. Sil releva la tête, reprenant ses esprits et le cours de la conversation :


« Quant à savoir comment je l’ai eue… Disons que sa particularité lui aurait valu la mort si je ne m’étais pas interposée… éhé ! »

*Sacrebleu !*

Elle faillit jurer à haute voix. Pourvu que l’apothicaire n’ait rien remarqué, qu’il croit à ce semblant d’exclamation qu’elle avait prononcé… alors qu’elle avait accordé l’adjectif au féminin ! Maudite soit-elle ! Presque aussitôt, elle compléta sa phrase peu convaincante par :

« Mais je ne vous ai même pas expliqué pourquoi les chiens blancs sont mal vus par ici ! Vous ignorez donc la nature de la superstition qui veut qu’ils soient synonymes de malheur… Ce qui expliquerait pourquoi vous n’avez pas peur d’elle, n’est-ce pas ? » ajouta-t-elle avec un demi-sourire.

Intérieurement, elle priait Oxum et Iemanjà – chose qu’elle n’avait plus faite depuis la mort de son père – de lui accorder la chance. *Faites qu’il n’ait rien remarqué !* supplia-t-elle mentalement. Elle sourit un peu plus franchement au Mosaraïa. Cette langue n’étant pas celle de sa région natale, peut-être n’y avait-il vu que du feu. Du moins c’est ce qu’elle espérait. Et bien que parler de la stupide coutume qui avait faillit coûter la vie de sa chienne la répugnait, Sil prit son air le plus convaincant pour changer de sujet. Comme l’apothicaire semblait être un homme très théâtral, il apprécierait probablement :


« En réalité », dit-elle en baissant la voix et en jetant un regard autour d’elle – chose inutile puisque les rues qu’ils parcourraient à présent étaient presque vides, « cette superstition remonte à l’époque où la coutume exigeait que les corps des condamnés à mort soient traînés dans toute la ville… tirés par des chiens blancs après leur exécution ! C’est assez morbide, vous ne trouvez pas ? »

Elle ne lui aurait jamais posé cette question (et surtout pas sur ce ton) si elle ne se faisait pas un devoir de détourner son attention. Peut-être que lui donner son avis sur cette coutume l’encouragerait à lui reparler de sa mère et de son chenil ? Ou d’un tout autre sujet qui dévierait de ses paroles à elle… Comme ils n’avaient pas cessé d’avancer, elle remarqua alors qu’ils approchaient de la Foire au troc. L’apothicaire avait-il encore des choses à vendre, ou souhaitait-il simplement regarder les produits qui y étaient proposés ? Sil se demanda aussi s’il avait trouvé sa fameuse huile, ou s’il comptait l’acheter maintenant. L’heure n’était pas si tardive que cela, du moins pas pour les marchands qui troquaient à peu près tout et n’importe quoi. Ce que l’on ne pouvait trouver nulle part ailleurs était forcément ici. La jeune femme songea qu’elle aurait bien acheté un masque afin de cacher son visage, certaine qu’elle rougissait depuis sa gaffe de tout à l’heure.
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MessageSujet: Re: [terminé]Une journée ordinaire [PV Jojo xD]   [terminé]Une journée ordinaire [PV Jojo xD] Icon_minitimeDim 13 Sep - 17:12

Sil avait remarqué mon absence d'accent, cela ne faisait aucun doute ; elle s'était interrompue au milieu d'une phrase, me regardant d'un air interrogateur. Je m'étais contenté de la regarder sans ciller, à la manière de ceux qui attendent la suite d'une discussion, avides. Reprenant le fil de ses pensées, elle m'apprit que cela faisait plus d'un an qu'elle avait Neptuun, et qu'elle l'avait certainement sauvé d'un bien triste sort ; ce dont je ne doutais pas... Quelque chose dans la fin de sa phrase attira mon attention, et je me la répétais plusieurs fois. Elle avait dit « … interposée... ». Quelle erreur ! J'avais maintenant la preuve que mes soupçons étaient fondés, bien que celle-ci me fut bien inutile...

J'avais donc vu juste ! Si un jour je retrouvais mon maître, il serait très content de moi lorsque je lui raconterai tout cela... Non. Il ne le serait pas ; j'avais moi aussi commis une erreur. Qui aurait pu m'être fatale ! *« Un, un. »* me dis-je joyeusement alors que Sil achevait de m'expliquer les origines de la superstition. Elle avait pris un ton mystérieux, regardant de tous les côtés comme pour se protéger d'oreilles indiscrètes. Je souriais intérieurement en me disant que je prenais souvent ce genre d'air pour appuyer mes propos, ou lorsque je voulais détourner l'attention de quelque chose. Je la regardais avec un curieux mélange au fond des yeux ; était-ce de la curiosité ou de la reconnaissance, de l'impatience peut-être ? Ou bien tout cela ? Je ne saurais le dire. Après une grimace, comme si la vision des cadavres trainés me révulsait, je pris la parole d'un ton sérieux mais engageant :


« En effet, je ne savais rien de cette horrible histoire. Voyez-vous, à mon arrivée, je me suis renseigné auprès d'un ménestrel sur les us et coutumes de la ville, mais il n'a jamais mentionné cette superstition-ci. Quel était son nom déjà ? » Je laissais passer quelques secondes. « Aste. Aste Sondharpe, il me semble. »

Mentionner ainsi le nom d'un ménestrel aurait pu me faire courir de gros risques... Celui qu'il démente mes paroles par exemple... Ou bien le risque que ce prétendu ménestrel n'ai jamais existé... Sauf qu'Aste Sondharpe, c'était moi. Enfin, lorsque je pouvais encore me déguiser en ménestrel, avant que mes costumes ne partent en fumée. Le rôle de ménestrel était celui qui me plaisait le plus, bien que je ne faisais pas vraiment le ménestrel, mais plus le bouffon. J'aimais faire rire les gens, et ils me le rendaient bien... Mais maintenant je ne pouvais plus, sans mes costumes je n'étais plus rien... Une ombre voila mes yeux à l'évocation de ces douloureux souvenirs, sans que je ne puisse l'arrêter. Afin de ne pas attirer de questions sur cette subite tristesse, je décidais de la mettre sur le dos d'un autre souvenir de ma mère. Jamais je n'aurais imaginé qu'une femme qui n'avait jamais existé puisse m'être d'un si grand secours !

« Comme disait ma pauvre mère, ' La superstition porte malheur !' … Pourtant, dieu seul sait à quel point elle l'était, superstitieuse !... Nous avons des croyances communes je crois ! Celle du miroir par exemple, ma mère en achetait non pas un, mais deux ! Et elle les brisait théâtralement tous les sept ans, devant la porte de notre maison ainsi que devant l'entrée de son chenil. »

Je laissais planer un bref silence, souriant légèrement comme si je revoyais de lointains souvenirs perdus... A la vérité, je réfléchissais au moyen d'amener la conversation vers les questions que je me posais depuis le début de l'après midi...

« Voyez-vous, mon maître m'a dit un jour : « O pobo ten un destino que estrela sería unha pena perder baixo o peso de supersticións infundata. » et je pense que cela est vrai, en un sens... Cela signifie... » Je m'accordais quelques secondes, afin de chercher la traduction. « Les peuples ont un destin étoilé qu'il serait bien dommage de perdre sous le fardeau de superstitions infondées... ».

Je plongeais mon regard dans le sien. J'étais fier, très fier de moi en cet instant ; le Mosaraï était de loin ma région préférée, et je l'avais beaucoup étudié. Les deux livres que j'avais perdus lors de l'incendie parlaient d'ailleurs de ce peuple. Cette phrase avait en réalité été prononcée par Egland Ador , l'ambassadeur du Mosaraï à Fort de Fleuve. Insérer des informations sur cette lointaine région ne pourrait que renforcer l'idée que les gens se faisaient de mon appartenance à ce peuple. Comment être crédible en mosaraïa si l'on était incapable de parler quelques mots en cette langue et qu'on était aussi ignorant de leurs coutumes qu'un nouveau né ? Estimant que l'heure était venue d'aborder des sujets plus sérieux, je repris la parole...

« Bien que mes connaissances dans votre langue soient encore bien étroites, j'ai cru remarquer que vous vous exprimiez avec plus d'aisance que les gens que vous fréquentez, et que vous êtes mieux élevé que ces derniers... Les gens plus aisés vous ennuient-ils ? »

J'avais prononcé ces mots de manière détachée, le plus naturellement possible, comme si je ne me rendais pas compte que je m'aventurais en terrain sensible. Les battements de mon cœur redoublèrent d'intensité, tandis que j'attendais sa réponse, attentif à la moindre de ses réactions.
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MessageSujet: Re: [terminé]Une journée ordinaire [PV Jojo xD]   [terminé]Une journée ordinaire [PV Jojo xD] Icon_minitimeMar 15 Sep - 15:54

[HJ : Réponse un peu pourrie, désolée --']

Elle attendait sa réponse avec impatience, comme si cette dernière avait pu effacer sa gaffe de tout à l'heure. Lorsque l'apothicaire grimaça à son récit et lui répondit sur un ton naturel, Sil faillit soupirer de soulagement. *Dorénavant il va falloir redoubler de vigilance*, s'admonesta-t-elle. Elle ne savait pas pourquoi elle avait baissé sa garde ainsi, d'ailleurs elle ne s'en était même pas rendu compte avant que cela n'arrive. Elle s'en voulait et aurait voulu hurler contre sa stupidité devant une faute aussi bête, mais elle ne pouvait qu'afficher un sourire poli en écoutant son interlocteur.

"Je ne le connais pas", répondit-elle après quelques secondes de réflexion, "mais il me semble avoir entendu son nom quelque part. Quels quartiers fréquente-t-il ?"

Elle remarqua ensuite un léger changement dans le regard du Mosaraïa. Il avait l'air triste, mais pourquoi ? Elle le comprit bien vite, lorsqu'il fit une nouvelle allusion à sa mère.

"Vous aviez l'air très attaché à elle", lui fit-elle remarquer alors qu'il avait l'air perdu dans ses pensées.

Elle sourit. Sa mère aussi était très superstitieuse, mais les rapports qu'elle entretenait avec elle étaient... différents. Il reprit la parole en citant une phrase mosaraïa que Sil ne comprit pas. Son précepteur lui avait enseigné les bases de cette langue, comme il l'avait fait avec son frère et son père avant elle ; mais elle n'était pas assez instruite en la matière pour traduire une phrase entière. Seuls quelques mots comme "destino" ou "peso" prirent sens à ses oreilles. Face à un Mosaraïa, elle s'en voulut un peu d'avoir négligé l'apprentissage de cette langue durant son adolescence.

"C'est... très joli."

Elle était un peu gênée qu'il plante ainsi ses yeux dans les siens, d'où son hésitation. Elle réussit à soutenir son regard durant quelques secondes, puis elle baissa les yeux sur sa chienne. C'était idiot, mais depuis qu'elle était revenue à Fort-de-Fleuve sous son apparence de garçon, elle était très mal à l'aise lorsqu'il fallait croiser le regard de quelqu'un. Peut-être parce que la plupart des habitants avaient la peau, les cheveux et les yeux foncés, et que sa famille aurait pu être connue pour son regard, clair depuis des générations. Sil baissait souvent les yeux face aux passants, ou trouvait le moyen de les cacher à l'aide de ses cheveux. Au fond d'elle, elle était bêtement persuadée que si elle croisait le regard d'un membre de sa famille, il saurait instantanément qui elle était.
C'était ce qui la mettait mal à l'aise avec l'apothicaire, mais pas seulement. Sa façon de la regarder la gênait, sans qu'elle sut dire pourquoi. Finalement, elle mit cela sur le compte d'une trop grande paranoïa et s'intéressa à sa question suivante. Encore un peu troublée par son attitude, elle releva les yeux et lui adressa un regard incertain.

"S'ils... s'ils m'ennuient ?" répéta-t-elle.

Elle plissa légèrement les yeux, ce qui aurait pu lui donner un air méfiant. En fait elle réfléchissait. Elle n'était pas sûre de comprendre où il voulait en venir. Bien sûr, lui faire remarquer qu'elle était mieux élevée que ceux qui l'entouraient avait ses désavantages, mais elle n'était pas certaine de l'attitude à avoir. Finalement elle se mordit la lèvre et répondit :

"Je suppose que c'est parce que mes parents m'ont bien élevés."

Pfuit ! Oubliée, la question ! Du moins, elle espérait que ce serait le cas de son interlocuteur, mais il ne fallait pas rêver. Elle était persuadée que les Mosaraïà étaient très malins. De plus, elle s'était aventurée sur une pente dangereuse : et s'il commençait à lui poser des questions sur sa famille ? Sil n'avait absolument pas préparé son histoire. La seule personne qui lui ait posé de réelles questions sur l'endroit où elle venait, c'était son patron, pour des raisons qui semblaient évidentes. Mais il n'avait montré aucune curiosité, et elle avait pu se permettre de ne lui dire que le strict minimum, à savoir qu'elle était née à Fort-de-Fleuve mais qu'elle l'avait quitté pendant un temps, pour finalement y revenir.
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Johian de Morestel
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MessageSujet: Re: [terminé]Une journée ordinaire [PV Jojo xD]   [terminé]Une journée ordinaire [PV Jojo xD] Icon_minitimeMer 16 Sep - 17:13

[Hj : Mais non mais non Very Happy]

La soirée était vraiment très belle, et cela empêchait les sombres pensées de m'atteindre. Quelle heure était-il ? Je n'en savais rien, et en toute honnêteté, cela m'était égal ; personne ne m'attendait. J'avais toujours été plus ou moins seul... Mon premier maître m'avait enseveli sous un nombre impressionnant de travaux, m'empêchant ainsi de lier des amitiés. Les sept années passées dans la rue avaient été rudes, et m'avaient laissé bien trop occupé à assurer ma survie pour avoir le temps de rencontrer des gens... Enfin, ces dernières années avaient été chargées en actions ; les leçons étaient bien trop intéressantes pour que je puisse penser à autre chose. Cette solitude m'avait souvent pesé, mais ce soir, je découvrais qu'il existait quelqu'un qui, comme moi, masquait son identité sous une autre. Perdu dans ces pensées, je mis un peu plus de temps à répondre que d'ordinaire, mais cela pouvait aisément passer pour un temps de réflexion. Elle m'avait demandé quels étaient les quartiers que fréquentait Aste... Mince ! Il vivait exclusivement dans la HauteVille, je devais monter une histoire plausible pour expliquer notre rencontre...

« Excellente question... Je suis arrivé en longeant l'Erkit, j'ai donc dû le croiser dans le quatier Est de La Falaise... Je n'y suis resté qu'un bref laps de temps ; je n'aime pas trop l'ambiance qui y règne... »

Ce n'était qu'en partie faux ; j'aimais la HauteVille pour la richesse de ses habitants, mais les rues étaient trop souvent parcourues de gardes pour qu'y voler soit sans risque... Par ailleurs, beaucoup de petits voleurs sont attirés par l'appât du gain et n'hésite pas à s'y rendre dans l'espoir de « faire fortune ». Tandis que j'écoutais la suite de ses paroles, elles m'arrachèrent un bref éclat de rire ; je semblais proche de ma mère... Est-ce possible d'être proche de quelqu'un qui n'a jamais existé ? En un sens je l'étais, puisque cette femme ne vivait que dans ma tête... Mais ce n'était certainement pas à cela qu'avait pensé Sil en formulant sa remarque...

« Oh oui, j'en suis très proche ! Mais sûrement pas comme vous devez le penser ! »

Je continuais à avancer, souriant bêtement, me rendant bien compte que je devais être le seul à saisir le comique de cette situation. Sil allait se poser des questions quant à ma soudaine gaieté, mais et alors ? Même en cherchant les raisons de cette hilarité, elle resterait bien loin de la vérité... Et puis, pourquoi un apothicaire ne pourrait-il pas être joyeux ? Ce n'était pas interdit à ce que je sache... En d'autres moments, j'aurais certainement fait preuve de plus de prudence, car il était clair que la situation n'avait rien de comique pour des yeux extérieurs, mais ce soir, j'avais laissé de côté toute méfiance, et je prenais chaque moment comme il arrivait. Ma joyeuse humeur redoubla d'intensité lorsque Sil éluda habilement ma question, se contentant de supposer que ses parents l'avaient bien élevée...

«  Ah ! L'art d'éluder les questions ! Nous voici donc un point commun ; j'use souvent de cet art pour me sortir de certaines situations, bien que vous ne m'en ayez pas donné l'occasion. »

Je lui lançais un long regard amusé avant de me contraindre au calme. Il me fallait analyser la situation pour faire les meilleurs choix... Sa réaction me montrait que je ne devais pas me tromper au sujet de sa famille et de son origine sociale. Mais je ne pourrais certainement pas en apprendre d'avantage avec des questions détournées, puisqu'apparemment elle était douée pour les esquiver. Je n'avais d'autre choix que d'aller droit au but, dire ce que je savais, advienne que pourra ! C'est donc fort de cette nouvelle décision que je repris la parole, d'une voix que toute joie avait maintenant désertée.

« Vous m'obligez à parler franchement, c'est donc ce que je vais faire ; cela sera bien plus simple pour nous deux. Voyez-vous, il y a quelques petites choses qui ne vont pas chez vous... Votre attitude, vos postures, votre voix, votre visage, vos mains... Sont autant de signes qui me laissent croire que vous n'êtes pas ce que vous prétendez être. » Je laissais planer un bref silence « Si aujourd'hui j'en arrive à cette conclusion, rien n'indique que demain d'autres n'y parviendront pas, et il se peut qu'ils soient moins bien intentionnés que moi. »

Voilà...C 'était dit. Je n'avais aucune idée de ce qu'allait être sa réaction. * Et si cela m'arrivait ?* me demandais-je. Je n'en savais rien... Peut-être allait elle se renfermer, me fuir ? Il fallait que je lui fasse comprendre que cela m'était égal, que je n'allais rien en dire. Mais je me doutais que de simples mots ne suffiraient pas. Je pris donc une décision, pas très réfléchie, que je risquais de regretter longtemps par la suite ; j'allais lui faire comprendre que je me cachais aussi sous une autre apparence que la mienne. Je repris la parole, avant qu'elle n'ait pu dire le moindre mot, chassant de ma voix toute trace d'accent.

« Chaque âme a son secret, chaque vie a son mystère. Certains d'entre nous sont plus doués que d'autres pour les dissimuler. »

Sans m'en rendre compte, je m'étais arrêté, plongeant une nouvelle fois mon regard dans le sien. Peut-être que par celui-ci elle comprendrait que je ne dévoilerai pas son secret, et qu'elle n'était peut-être pas si différente de moi finalement... Pour achever cette scène, et la conduire à prendre une décision qui serait, je l'espérais, celle que je voulais, il me restait une dernière chose à faire.

« Il se fait tard ! Je ne voudrais pas abuser de votre temps. Merci et adieu. »

J'avais repris mon accent, et je m'inclinais devant elle. Mon cœur battait fort dans ma poitrine alors que je m'apprêtais à prendre congé, priant pour qu'une question la pousse à me retenir ; je n'avais pas envie de la quitter, pas maintenant du moins...
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MessageSujet: Re: [terminé]Une journée ordinaire [PV Jojo xD]   [terminé]Une journée ordinaire [PV Jojo xD] Icon_minitimeDim 20 Sep - 17:19

À l'évocation de la Falaise, ou du moins d'un de ses quartiers, Sil retint une grimace. Voilà quelques temps qu'elle n'avait plus remis les pieds dans cet endroit de Fort-de-Fleuve. Depuis qu'elle avait quitté la ville des mois plus tôt, elle avait toujours soigneusement évité ces quartiers. Sa famille vivait dans le coin, et elle devait se montrer prudente. Mais la réponse de l'apothicaire expliquait peut-être d'où elle avait entendu le nom du ménestrel. La discussion se concentra alors sur la relation qu'entretenait le Mosaraïa avec sa mère. Sil lui fit une remarque, à laquelle il répondit d'une façon qu'elle n'attendait guère :

« Oh oui, j'en suis très proche ! Mais sûrement pas comme vous devez le penser ! »

La jeune femme haussa les sourcils. Que voulait-il dire ? Elle s’apprêtait à lui poser la question, avant de renoncer. Il avait déjà montré de la tristesse à l’évocation de sa mère. Continuer sur le sujet n’était peut-être pas une bonne idée. Elle ne voulait pas se montrer indiscrète.
En parlant d’indiscrétion… Elle se rendit soudain compte que la conversation, initialement basée sur sa chienne, avait prit une tout autre tournure. Et elle ne lui plaisait pas forcément…

Elle attendait une réaction de l’apothicaire. Non pas qu’elle l’espérât, mais elle doutait qu’il ne remarque rien de sa « feinte ». Il s’était probablement rendu compte qu’elle avait évité la question… Et effectivement, cela semblait être le cas… Seulement, Sil s’attendait à tout sauf à ça. Qu’il lui pose une nouvelle fois la question, qu’il comprenne qu’elle ne voulait pas aborder le sujet et qu’il fasse semblant de n’avoir rien entendu… mais pas qu’il lui fasse ouvertement remarquer qu’elle avait volontairement évité de répondre ! À cet instant, elle commença à ressentir de la méfiance, alors que cela n’avait pas été le cas jusqu’ici. Bien sûr, elle était un peu mal à l’aise, car elle n’avait pas souvent l’occasion de discuter ainsi avec quelqu’un et qu’elle ne le connaissait pas. Mais bizarrement elle n’avait senti aucune menace ; peut-être parce que Neptuun semblait très ouverte avec le nouveau venu. Elle faisait des allers-retours entre elle et lui et se laissait caresser, comme si elle le connaissait depuis des lustres – ce qui intriguait Sil, car elle savait qu’elle ne pouvait
pas le connaître : elle avait toujours été avec elle. C’était triste mais c’était ainsi ; la prétendue malédiction qu’elle représentait lui interdisait d’avoir autant de liberté qu’un chien ordinaire.
Mais revenons à notre sujet principal. L’apothicaire… Sil commençait à se demander s’il en avait vraiment après sa chienne. Elle ne savait pas quoi penser, car lorsqu’il évoquait sa mère et son chenil elle le sentait sincère. En même temps, peut-être n’était-elle pas très douée pour lire dans les pensées d’autrui… Oui, aucun doute possible. Elle était incapable de savoir pourquoi il avait fait une telle remarque, aussi ouvertement. À peine avait-il prononcé ces mots, qu’elle s’était arrêtée, surprise. À présent, elle était plutôt le qui-vive. Elle croisa les bras et hésita un instant sur la réponse à donner, et le ton à prendre.
*Quant à moi, je vous trouve bien curieux*, voulut-elle rétorquer. Mais il ne lui en laissa pas le temps. Il fit quelque chose auquel elle ne s’était absolument pas attendu.


« Vous m'obligez à parler franchement, c'est donc ce que je vais faire ; cela sera bien plus simple pour nous deux. Voyez-vous, il y a quelques petites choses qui ne vont pas chez vous... Votre attitude, vos postures, votre voix, votre visage, vos mains... Sont autant de signes qui me laissent croire que vous n'êtes pas ce que vous prétendez être », dit-il. Elle eut à peine le temps de cligner des yeux qu'il enchaînait : « Si aujourd'hui j'en arrive à cette conclusion, rien n'indique que demain d'autres n'y parviendront pas, et il se peut qu'ils soient moins bien intentionnés que moi. »

Sil resta interdite. Une expression à mi-chemin entre l’horreur et la stupéfaction s’étala lentement sur ses traits, tandis qu’elle prenait la mesure de sa révélation. Neptuun sembla remarquer que quelque chose n’allait pas. Arrêtée à quelques pas devant eux, elle était occupée à renifler un tonneau. Sentant probablement que l’atmosphère était bien trop silencieuse, elle releva le nez et considéra quelques instants le deux humains de l’autre côté de la rue. Elle revint sur ses pas et se rapprocha de sa maîtresse. Cette dernière semblait reprendre ses esprits, petit à petit. Il savait ! Il savait ! Elle avait serré les poings sans s’en rendre compte, et ses ongles s’enfonçaient dans ses paumes. Elle se servit de cette douleur pour réagir. Cela lui avait pris du temps, et l’apothicaire en avait profité pour rajouter quelque chose, une phrase que Sil mit quelques temps à comprendre. Il lui fallut en effet quelques instants avant de saisir que ce n’était pas le sens mais la forme de la phrase qui clochait. Elle comprenait étonnamment bien ce qu’il lui avait dit, et pour cause ! Il n’avait plus aucun accent. Il ne parlait plus comme un Mosaraïa en visite à Fort-de-Fleuve, mais comme elle, comme un habitant de la cité. Elle cligna des yeux quelques instants, tandis qu’il faisait volte-face. Quoi, comment ? Il partait ? Maintenant ? Alors qu’il venait de… ?

« Attendez ! » cria-t-elle sans réfléchir, sur un ton presque désespéré.

Il ne pouvait pas partir maintenant, pas sans lui donner d’explications. C’était injuste. Elle avait même l’impression… qu’il se moquait d’elle. La stupéfaction fit place à la colère tandis que cette vérité s’imposait à elle. De qui se moquait-on ? Elle se répéta rapidement tous les mots qu’il avait prononcés avant de lui emboîter le pas, furax.

« Non mais pour qui vous prenez-vous ? Vous croyez avoir le droit de… de… »

Elle cherchait encore ses mots quand elle se planta face à lui. Ce n’est qu’à ce moment-là qu’elle remarqua qu’il faisait presque deux têtes de plus qu’elle. Elle qui s'était toujours trouvée dans la moyenne se sentit toute petite, ce qui ne fit que s’ajouter à son sentiment de ridicule. Elle laissa tomber sa phrase précédente et enchaîna :

« Vous pensez vraiment que je vais vous laisser partir tranquillement, et rester plantée là comme une idiote ? »

Elle disait cela, mais elle n’avait aucune idée de ce qu’elle voulait réellement. Il lui avait fait comprendre qu’il ne dirait rien. Donc théoriquement, elle aurait dû rentrer chez elle se cacher et se poser mille et mille questions pendant des heures. Mais en cet instant, cette solution lui était sortie de l’esprit ; elle était simplement en colère et ne réfléchissait pas à ce qu’elle disait.

« De quel droit me dites vous cela ? Vous ne pouviez pas le garder pour vous ? Et puis, vous n’êtes même pas apothicaire, c’est ça ? Mais alors qu’est-ce que vous faites là ? »

Elle aurait probablement continué à dire n’importe quoi si elle n’avait pas sentit quelque chose tirer sur son pantalon. Elle baissa les yeux. C’était Neptunn. La chienne se recula légèrement devant le regard furax de la jeune femme, qui le reporta sur l’inconnu. Peut-être ne répondrait-il pas à ses questions précédentes ; elle ne lui en avait pas vraiment laissé le temps. Et d’ailleurs elles n’avaient pas réellement de sens. Mais il y avait une chose au moins dont elle voulait s’assurer.

« Dites-moi au moins… Etiez-vous réellement intéressé par ma chienne, ou bien votre mère et son chenil, ce n’était que du pipeau ? »

Elle garda le silence pour lui montrer qu’elle attendait sa réponse, et leva le menton pour le fixer dans les yeux. Cette fois au moins, elle réussit à ne pas ciller.
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Johian de Morestel
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MessageSujet: Re: [terminé]Une journée ordinaire [PV Jojo xD]   [terminé]Une journée ordinaire [PV Jojo xD] Icon_minitimeMer 23 Sep - 18:24

Ma prestation avait eu l'effet escompté ; elle me cria de l'attendre... Je n'avais qu'une envie, lui obéir, mais je me forçais à avancer, faisant mine de n'avoir rien entendu. Elle me força bien vite à ralentir puis à m'arrêter, lorsqu'elle se planta devant moi, parlant vite et fort, laissant, sans aucune gêne, la colère percer dans sa voix. Elle ne fit plus aucun effort pour dissimuler son identité, allant même jusqu'à crier « une idiote », si bien que n'importe quel passant écoutant la conversation aurait pu comprendre son secret. Cette réaction m'agaça profondément ; comment pouvait-elle espérer rester longtemps sous son déguisement si, dès qu'une personne lui faisait part de ses doutes, elle abandonnait toute prudence ? Nier n'aurait certes servi à rien, mais de là à crier haut et fort de telles choses... Je ne pus m'empêcher de froncer les sourcils d'un air mécontent.

Elle semblait être sincèrement en colère, ce que je comprenais parfaitement... Elle semblait effarée, paniquée aussi. J'avais l'impression qu'elle ne s'arrêterait jamais de parler... Et pourtant, d'un coup, elle se calma légèrement, affirmant que je n'étais pas un apothicaire... C'était vrai, bien sûr ! Mais je ne souhaitais pas dévoiler mon identité à une inconnue – ni même à une personne connue -, je devais donc démentir son accusation. Mais avant que je ne puisse le faire, elle me posa une autre question et se tut, attendant visiblement une réponse. Ma mère, son chenil... C'était en effet un mensonge, mais, au fond, il avait une part de vérité, non ? Le vieil homme qui m'avait arraché du marché aux esclaves possédait un domaine et de nombreux animaux. Les chiens en faisaient bien entendu partie ! Je m'étais donc contenté d'enrober, de modeler une vérité pour la rendre plus engageante, comme le font de nombreux marchands avec leurs produits. De quoi aurais-je eu l'air en disant : « Mon premier maître avait un chenil mais pas de chien blanc. » ? Cependant, je ne pouvais pas faire autrement que de répondre à sa question, car un silence signifierait qu'elle avait vu juste, et je ne pouvais me permettre d'endurer une telle accusation. Tout en conservant mon air mécontent, je répliquais sèchement :


« Je vous prierai, à l'avenir, de ne pas émettre pareils soupçons quant à mon métier. J'estime avoir étudié suffisamment longtemps pour ne pas permettre qu'on doute de ma profession. »

Après avoir dis cela, et insisté lourdement d'un regard noir, je me composais un visage plus amical, mais où toute joie avait disparue. J'avais bien insisté sur l'accent mosaraïa, imitant assez bien un marin que j'avais croisé quelques mois plus tôt, en train de réprimander un jeune matelot.

« Quant à ma mère, oh, elle a bien existé, je vous prie de me croire... Le chenil aussi d'ailleurs. Et je me posais de réelles questions quant à votre chienne, si cela peut vous rassurer. »

C'était la vérité ! Disons une vérité, incomplète mais véridique tout de même. Et puis, aussi loin que je me souvienne, j'avais toujours été persuadé que la vérité n'est qu'une illusion, et que l'illusion est une vérité. Après tout, la vérité d'une personne peut se révéler être un mensonge pour son voisin. Ma mère avait existé, ça oui ! Sinon je ne serais pas là aujourd'hui à raconter ma vie... Le chenil aussi... Lequel ? Peut importe. Et mon métier... J'avais étudié suffisamment longtemps, c'était vrai. Mais étudié quel métier ? Cela, je ne l'avais pas précisé.

Perdu dans mes pensées, je mis quelques temps à me rendre compte qu'une vieille femme nous observait, sur ma droite. Elle avait l'air passionnée par ce que nous racontions, et je me demandais depuis quand nous épiait-elle. Elle dû comprendre à mon regard qu'elle me dérangeait, car elle reprit son chemin d'une démarche incertaine tout en maugréant dans sa barbe. De l'extérieur, il est vrai que nous devions avoir l'air d'un vieux couple en pleine dispute, si ce n'est peut-être qu'en apparence nous étions tous les deux des hommes. Je regardai rapidement le ciel, et constatais que des nuages commençaient à s'agglutiner au dessus de nos têtes. Il allait certainement pleuvoir durant la nuit, et le soleil s'était couché bien plus rapidement que d'habitude, certainement à cause de l'orage qui se préparait. Il ne fallait pas rester là !


« Ecoutez, je ne doute pas que vous ayez quelques questions, craintes ou appréhensions. Mais ce n'est ni le lieu ni le moment d'en parler. Les murs ont des yeux et le sol des oreilles, et étant donné votre discrétion, je ne doute pas que demain, un cercle de vieilles dames murmurera qu'un marchand mosaraïa s'est disputé avec un travesti accompagné d'un chien blanc, en pleine rue. »

J'avais bien entendu baissé la voix, et je m'étais rapproché d'elle, de manière à ce que personne, à part Sil ne puisse entendre mes paroles. De toute manière, depuis l'incident de la vieille dame, personne n'était apparu, mais personne n'est jamais assez prudent ! En disant cela, je ne souhaitais pas lui faire peur, seulement lui montrer ses erreurs afin qu'elle ne les refasse plus, car parfois, il suffit d'une petite erreur pour anéantir des mois de travail. Je ne savais pas depuis quand elle se dissimulait, mais il lui restait pas mal de choses à apprendre. En attendant, la rue n'étant pas sûre, je devais l'emmener autre part. Mes années passées à courir les rues m'avaient appris une chose essentielle : c'est dans les endroits les plus fréquentés que nous sommes le plus en sécurité. Le jour étant tombé depuis quelques temps déjà, et la pluie étant bientôt là, les seuls endroits où il risquait d'y avoir du monde étaient les tavernes.

« Le mieux serait que nous nous réfugions dans une taverne. Il va pleuvoir, et les rues ne sont pas certaines. Un ami m'a parlé un établissement ourgognois très accueillant, à deux pas d'ici. Nous pourrions y faire une halte. »

En montrant la direction de ma main, je me rendis compte qu'elle perdait peu à peu sa teinte grise. Je devais absolument boire une tisane d'huile d'œil de carpe et de poudre de nacre d'huitre si je ne voulais pas perdre toute crédibilité en tant que marchand mosaraïa... J'attendis qu'elle me réponde, dissimulant mon impatience, qui n'aurait servi qu'à faire naître de nouvelles questions dans son esprit. De plus, s'il se mettait à pleuvoir, mes cheveux risquaient de déteindre... J'étais dans une situation délicate. Très délicate.
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MessageSujet: Re: [terminé]Une journée ordinaire [PV Jojo xD]   [terminé]Une journée ordinaire [PV Jojo xD] Icon_minitimeJeu 24 Sep - 22:00

Sil attendait fermement la réponse de l'apothicaire, qui ne se fit pas attendre. Elle n'eut donc pas le loisir de se rendre compte que ses propos avaient quelque chose d'offensant ; elle était dépassée par les événements, dépassée par sa colère, et surtout par son angoisse. Même si elle arrivait à la refouler pour le moment - et ce uniquement parce qu'elle laissait libre cours à son agacement - elle la sentait guetter la moindre faille afin de surgir et s'emparer d'elle. Or, le moment était vraiment mal choisi pour avoir une crise de panique, ou quoi que ce soit d'autre.

En entendant la réponse de son interlocuteur, la jeune femme ne put s'empêcher de se sentir légèrement honteuse. Elle reprit bien vite le dessus et croisa les bras ; après tout c'était lui qui avait commencé à fouiner dans ses affaires, pas elle ! Elle réussit à se persuader qu'elle n'avait rien à se reprocher, et refoula la culpabilité au même niveau que sa peur :

"Très bien", grinça-t-elle, ironique au possible, "quant à moi je vous prierai à l'avenir de ne plus émettre de soupçons sur mon identité."

Elle faillit ajouter un "j'estime avoir fait assez d'efforts pour ne pas permettre qu'on doute de moi ainsi", mais cela serait passé pour de la moquerie, et ce n'était pas dans son caractère, aussi furieuse soit-elle. Au fond d'elle, elle savait qu'elle en voulait moins au Mosaraïa qu'à elle-même.

Sa remarque était pourtant inutile, puisqu'elle avait réagit de façon trop peu discrète, mais elle détestait avoir l'impression de perdre le contrôle de la situation, même si pour se rassurer elle devait parler pour ne rien dire. Comme l'apothicaire lui avait lancé un regard noir, elle fit de même mais, lorsqu'il afficha une mine plus affable, elle ne bougea pas. Elle ignorait comment réagir et le trouvait un peu trop changeant. Tout cela devait faire partie de sa personnalité. Après tout si un client est mécontent, le marchand doit savoir se montrer souriant. Car il est bien connu que le client est roi.
Lorsqu'il répondit à sa dernière question, Sil se sentit encore plus stupide. Elle avait l'impression de passer pour une gamine insolente à qui on fait la morale. Mais pas à la façon de sa mère, qui la prenait de haut, lui énonçait tous ses défauts et finissait par se plaindre de l'entité quelconque qui lui avait donné une fille aussi ingrate. Non, le Mosaraïa avait l'art de lui donner une leçon sans en avoir l'air. Il restait à la fois digne et poli. Tout en ayant l'air de lui faire des remontrances. Elle n'avait jamais vu ça et, soudainement, elle eut l'impression d'avoir à nouveau six ans.

"C'est le cas", grommela-t-elle en décroisant les bras.

Elle enfonça ses mains dans les poches et fixa le sol d'un air furax, comme s'il était responsable de tous ses malheurs. C'est pourquoi elle ne vit pas la vieille dame qui avait attiré l'attention d'Edwar Mindor. Elle fut donc surprise qu'il coupe court à ses pensées en lui reprochant son manque de discrétion. Elle se sentit humiliée par sa remarque, mais elle craignait trop qu'il n'ait raison pour le contredire. Elle ravala donc sa fierté et se contenta de dodeliner de la tête en grimaçant - sa façon à elle de lui donner raison à contre-coeur. Elle supposait qu'il avait une proposition à émettre, et elle ne se trompait pas. Malgré tout elle était surprise qu'il ait l'audace d'émettre une telle idée. Elle était tellement abasourdie qu'elle ne fit pas attention à sa main lorsqu'il lui montra la direction. Comme souvent lorsqu'elle habitait chez ses parents, elle pensait être la plus à plaindre et ne se préoccupait pas des autres. Si elle s'était rendue compte que ce trait de caractère venait de refaire surface, elle aurait eu une autre raison de se détester - son maigre talent de comédienne mis à part.

"Un établissement ourgognois ?" répéta-t-elle sur un ton lent. "Vous voulez parler d'une taverne ?"

Les Ourgognois étaient connus pour leur sens de la fête et, bien qu'elle ait voyagé quelques temps, Sil n'arrivait pas à imaginer qu'ils puissent tenir autre chose qu'une taverne. Elle garda quelques instants le silence, jaugea son interlocuteur d'un air suspicieux. Très franchement, elle avait plus de raisons de refuser que d'accepter. Il avait deviné qu'elle cachait quelque chose, et nul doute qu'il savait quoi. D'ailleurs peut-être en savait-il plus qu'il ne l'avait dit. Et peut-être ne tiendrait-il pas parole et irait-il le révéler... À vrai dire elle l'ignorait, car elle ne le connaissait pas suffisamment pour le savoir. Et elle doutait que discuter à la table d'une taverne l'aide dans cette direction. Mais après tout, elle était bien placée pour savoir que l'alcool déliait les langues... Sil grimaça intérieurement. Elle n'était pas assez sournoise pour cela... non ? Elle médita quelques instants la question, puis fronça les sourcils pour elle-même. Le Mosaraïa - si c'en était bien un, car depuis qu'il avait volontairement perdu son accent elle se posait des questions - n'avait cessé de l'interroger. Et si les rôles s'inversaient ? Sans réfléchir plus en avant, elle croisa à nouveau les bras dans un geste méfiant, mais lui fit un petit signe de la tête pour l'encourager à avancer.

"Allez-y. Je vous suis."

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